Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland. Empoisonné par l'amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d'isolement que la société a prévu pour lui : après l'orphelinat, la maison de correction?; après la prison du comté, la prison d'État. Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin. Affranchi par la connexion qui l'a uni à son codétenu Billy Lancing, Jack tentera de se libérer de la solitude de la vie, son ennemie de toujours, à travers l'aventure conjugale et la paternité. Mais là encore, la liberté est hors de portée.
Après «Les Pieds nus de lumière», une nouvelle réédition de Kenji Miyazawa: un recueil de 10 nouvelles qui concentre tout ce qui caractérise l'écriture unique de cet auteur majeur, mêlant avec talent le monde des hommes, celui des animaux et celui des esprits. Comme nul autre, il propose une façon différente de percevoir la vie, mue par un élan spontané vers les autres et une grande sympathie pour la nature.
Réédition en poche d'un des classiques de la littérature japonaise d'après-guerre. Largement inspirée de l'expérience de l'auteur, on y suit la trajectoire d'unancien militaire, échappé de son hôpital psychiatrique, qui cherche à rejoindre l'île sur laquelle il a perdu un de ses proches compagnons pendant les combats. Une réflexion sur les effets de la guerre à l'échelle individuelle et collective.
Après la redécouverte des «Mensonges de la nuit», réédition du premier roman de Gesuado Bufalino, pour lequel il a obtenu le prestigieux prix Campiello à sa publication en 1982. Salué par Leonardo Sciascia, ce roman évoque aussi «La Montagne magique» de Thomas Mann. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un jeune homme de vingt ans franchit les grilles d'un sanatorium aux portes d'une Palerme éventrée par les bombes. Lui-même malade, il vient s'y faire soigner et se retrouve à côtoyer nombre de patients a priori incurables, avec qui il noue des échanges certes imprégnés de désespoir mais d'une grande richesse. Il restitue plus particulièrement ses relations avec un ami et une amante hypothétique, aux côtés de laquelle il parvient à s'échapper pour respirer le peu d'air frais que ses poumons affaiblis peuvent encore absorber. Une errance onirique fortement imprégnée d'images de la guerre à peine achevée et surtout de l'expérience de l'auteur, lui-même interné dans un sanatorium en 1945.
Premier texte de Nikos Kazantzakis, écrit en 1906 alors qu'il n'avait que 20 ans, «Le lys et le serpent» témoigne d'une entrée en littérature impressionnante en dépit de sa précocité. Ce court roman relate l'histoire d'amour passionnelle et tragique d'un jeune couple. Dans ce texte qui prend la forme d'un journal intime, transparaissent les préoccupations de jeunesse de Kazantzaki pour la vie, la mort, les femmes et l'amour. Une oeuvre empreinte de mystère et de lyrisme dont l'immoralité a fait scandale au moment de sa parution...
Lorsqu'il reçoit, de la part d'une énigmatique fondation, une invitation à se rendre en Estrémadure afin d'écrire sur cette région en plein essor, l'ancien professeur de philosophie est persuadé qu'il s'agit d'une erreur. Pourquoi s'adresserait-on à lui, qui a renoncé à la pensée et à l'enseignement depuis des années ? Qui plus est pour aller dans cette région reculée d'Espagne ? C'est pourtant le récit de ce voyage (qu'il a donc effectué) et de l'enquête autour du dernier loup dans laquelle il s'est trouvé plongé, qu'il relate dans un bar berlinois...
Le Dernier Loup est certainement la première novella où Krasznahorkai déploie une phrase unique sur un si grand nombre de pages. Au-delà de l'impressionnante prouesse stylistique, cette phrase tout en circularités temporelles sert une réflexion subtile sur les liens entre l'homme et la nature, opérant dans le même temps une véritable entreprise d'envoûtement du lecteur qui se retrouve happé par ce récit, ne pouvant s'en extraire qu'au point final.
Gabriel Ventuza débarque à Bogdanski Dolina, sinistre bourg des Carpates, avec pour mission de racheter aux fossoyeurs la dépouille de son père assassiné, Victor, qu'on dit enterré au cimetière arménien. Dans ce lieu reculé, surplombé d'une monumentale décharge, peuplé pour moitié d' "indésirables" retranchés dans des camps et pour l'autre de fantasques ecclésiastiques, les chemins ne mènent plus nulle part et ceux qui osent s'y aventurer disparaissent sans laisser de traces.
L'arrivée de Gabriel bouscule cette organisation bien rodée, et bientôt le temps se dérobe, les personnages changent de visage, les événements se précipitent. Cruauté surréaliste et ironie burlesque caractérisent ce conte hongrois dont on pourrait imaginer les personnages dessinés par Bilal.
Les voix d'une femme et d'un homme : Evgenia, ancienne prostituée, et Yorgos, ancien marin, font à tour de rôle le récit de leur vie pendant la deuxième moitié du XXe siècle. Tandis que l'un débarquait aux ports et aux bordels de tous les pays, du Japon au Brésil, Evgenia se vendait à Chania, en Crète. S'ils évoluaient en apparence dans deux mondes parallèles, leurs récits s'imbriquent comme les deux versants d'une même histoire. Ballottés au cours des années par des mers étrangères et des corps inconnus, ils se sont faits les témoins d'une beauté brute, humaine et naturelle.
Odyssée moderne, La Première Veine est une réponse lumineuse au chef-d'oeuvre de l'auteur-marin Nikos Kavvadias, Le Quart, qui tisse une continuité entre les cargos, les ports, les bordels, les existences.
Engagées dans le Mouvement pour la santé des femmes dans les années 1970, Barbara Ehrenreich et Deirdre English enquêtent sur les racines historiques de la professionnalisation du corps médical. Portant un regard féministe sur les chasses aux sorcières en Europe et la suppression de la profession de sage-femme aux États-Unis, elles s'interrogent : et si, derrière ces événements, se cachait une véritable monopolisation politique et économique de la médecine par les hommes de la classe dominante, reléguant peu à peu les femmes à la fonction subalterne d'infirmière docile et maternelle??
Depuis sa parution aux États-Unis en 1973, cet essai concis et incisif a ouvert la voie à de nombreux travaux de recherche et prises de conscience. Cette traduction s'ouvre sur une préface inédite des deux autrices.
Après «Le Château français», qui faisait la part belle au personnage de Sindbad, la réédition d'un titre de Gyula Krudy épuisé depuis des années. Sorte de Mille et Une nuits du XXe siècle hongrois, ce volume rassemble les récits de cet éternel amoureux, souvent éconduit, qui multiplie les aventures rocambolesques. Un mélange unique de sensibilité, d'amertume désenchantée, d'humour et de lucidité qui dresse en creux un portrait de la Hongrie du début du XXIe siècle.
Le second volume du diptyque considéré comme le chef-d'oeuvre de Roberto Arlt et commencé avec «Les Sept Fous». On y retrouve ses personnages aussi perdus que diaboliques, qui poursuivent la mise en place de leurs projets délirants dans un Buenos Aires populaire décrit à merveille. Une description assortie d'une critique sous-jacente de la montée des totalitarismes toujours d'actualité.