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Antoine Volodine
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Le brave soldat Sam ne dispose plus que de quelques fractions de secondes avant d'être enveloppé par les flammes d'une vague de napalm qui se précipite sur lui. C'est l'occasion de s'inventer en urgence une biographie et de se raconter des histoires. Il s'entoure alors de personnages féminins hauts en couleur : des grand-mères centenaires qui dirigent le clan, des cousines à la volupté épanouie, et surtout des tantes sorcières, jeunes femmes attirantes, sexuellement désinvoltes, qui tiennent à lui enseigner comment vivre dans le feu. Elles lui donnent des « leçons de feu » au cours desquelles il doit apprendre à rester indifférent au brasier qui va le transformer en torche, et aux bizarreries oniriques des derniers instants...
Il aimerait poursuivre à jamais une vie à l'air libre, être bandit, échapper à la garde nationale, multiplier chevauchées et aventures amoureuses. Mais l'idée des flammes est là. Et elle le rattrape. Cependant il ne manque pas de souvenirs imaginaires pour la repousser encore et encore.
Une oeuvre monumentale s'est construite, sous des noms d'auteur divers (Lutz Bassmann, Manuela Draeger, Elli Kronauer, etc.), qui s'arrêtera au nombre prédéterminé de 49 livres. 22 sont signés Antoine Volodine, dont celui-ci, qui est le dernier. Parfaitement autonome, et porté par une étrange drôlerie agissant dans la noirceur des temps, Vivre dans le feu clôt une entreprise littéraire majeure et mondialement saluée. C'est un événement en soi. -
Après l'écroulement de la Deuxième Union soviétique, la Sibérie est dévastée par des accidents nucléaires et devient à jamais inhabitable. Solovieï, président du kolkhoze Terminus radieux, met ses pouvoirs surnaturels au service de son rêve de toute-puissance. Assisté par l'immortelle Mémé Oudgoul, il règne en maître sur le destin des hommes et des femmes de son village. Prisonniers et militaires cherchent en vain à mettre fin à leur errance, mais il leur faudra attendre des milliers d'années pour que s'éteigne la présence de Solovieï dans leur cauchemar.Né en 1949, Antoine Volodine a publié une trentaine de livres qui fondent le «post-exotisme», univers fictionnel caractérisé par l'onirisme politique et l'humour du désastre. Il a écrit plusieurs textes pour la radio et Des anges mineurs (1999) lui a valu le prix Wepler et le prix du Livre Inter 2000.
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Dans un pays de montagnes et de désert, une petite troupe itinérante est attaquée par des bandits. Bien vite, l'unique survivante est entraînée dans la vie criminelle et sauvage de ses ravisseurs. Trois voix puissantes, toutes liées au théâtre, à la féminité, au chamanisme et à la mort, nous content des aventures violentes et démoniaques, marquées par une sexualité délirante mais aussi par la nostalgie de la déclamation, de la parole et du souffle. Et de la survie coûte que coûte.
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Ensemble narratif de quarante-neuf brefs textes, tous en rapport les uns avec les autres et qui peuvent donc être lus, en réalité, comme les chapitres d'un roman, Des anges mineurs est un livre d'une très grande force poétique. Les personnages, aux noms farfelus, sont extrêmement âgés, mais jeunes parfois d'apparence. Ils ont échappé à une sorte d'apocalypse, en tout cas un changement de régime. Beaucoup ont séjourné dans des camps de redressement, et se plaignent, au fond, du retour au capitalisme. Ils ont souffert du totalitarisme, mais sont désormais dans une société où sous une autre forme l'humanité a disparu. Les rapports amicaux et amoureux sont clandestins et impossibles. Les rapports familiaux inexistants. La survie est presque impossible matériellement : ils vivent dans des grottes, sous des yourtes, dans des immeubles dévastés. Certains sont artistes, d'autres ont des responsabilités politiques. Mais tout va à vau l'eau. Le personnage central, Will Scheidmann est un écrivain qui, dans ce contexte de post-mutation de régime apparaît comme «réactionnaire», mais qui en réalité est le seul qui «réfléchisse» sur l'Histoire. Sa mère, accompagnée de vieilles femmes, veut exterminer : elle tient au respect des formes du nouveau régime. Mais l'exécution sans doute n'aura pas lieu. L'ensemble est d'une grande tristesse, mais aussi d'une grande sensualité poétique, envoûtante. C'est brillant, intelligent : il y a d'admirables réflexions sur la littérature, ses illusions, ses limites, sa force aussi. Le livre est la description d'un monde où le temps, l'espace, l'économie, la littérature, les rapports psychologiques, la famille, la politique, les langues sont autres, «étranges». Il y a dans ce livre, en dehors des scènes très violentes, des moments de contemplation, de sensualité, de tendresse, qui l'ouvrent à des sensibilités plus diverses. Il tourne labyrinthiquement autour d'une obsession qui est, disons, l'apocalypse conçue par les hommes eux-mêmes, l'idée même de ce qui est «dernier».
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C'est dans une venelle du Tarrafeiro, sordide quartier marécageux près du port intérieur de Macau, que s'est réfugié Breughel. Membre d'une société secrète évoquée à travers les noms énigmatiques de « Paradis », « Grand-mère » ou « Les Iles », Breughel a quitté l'Occident. Il a fui avec Machado, un Brésilien, et Gloria Vancouver, l'une des responsables de l'organisation, en détournant une importante somme d'argent. A Macau, les fugitifs ont pris la nationalité portugaise pour effacer leurs traces. Depuis, Machado est mort, mais le « Paradis » veille. Un tueur, Kotter, est envoyé en mission pour apurer les comptes et exécuter Gloria Vancouver.
Le port intérieur gravite autour de l'interrogatoire de Breughel, situation narrative récurrente chez Volodine. Ce seront des interrogatoires successifs que le lecteur va découvrir et dont il ne pourra jamais évaluer précisément le degré de réalité. Car pour protéger Gloria Vancouver, Breughel a anticipé de longue date l'arrivée du tueur, disséminant dans son taudis des textes et des photographies devant amener Kotter à la certitude que Gloria est morte accidentellement lors d'un séjour en Corée. Le lecteur va se retrouver pris malgré lui dans une toile d'araignée d'une finesse extrême, faite de dialogues et de monologues entrecoupés de récits de rêves.
Le Port intérieur est écrit dans une langue musicale suspendue au-dessus du silence. Théâtrale, scénique, presque gestuelle, la phrase s'arrête parfois sur l'impossibilité qu'il y a de conclure. Le point final se transforme en trou noir qui aspire tout à la fois les ruminations et les remembrances de Breughel las, exilé, et semble le conduire au silence ultime. Car Le Port intérieur, c'est le lieu même de la littérature.
Jean-Didier Wagneur, Libération -
Lisbonne, dernière marge
Antoine Volodine
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 8 Janvier 2015
- 9782707328526
Cette femme qui marche dans la nuit, un manuscrit sous le bras, le long d'une avenue déserte, a-t-elle ou non rendez-vous avec la mort ? Elle semble connaître la réponse, mais que sait-elle exactement ? Toute son existence est liée à un livre, une immense anthologie dont les pages tracent le portrait d'une époque fictive - le IIe siècle -, et tentent d'élucider les sombres mystères d'une société - la « Renaissance » - : comme le ferait une mémoire contrainte, sous la chape de plomb du totalitarisme, à se dissimuler dans l'imaginaire et le discours codé.
Or quelqu'un, à l'évidence, manipule les éléments de l'intrigue ainsi nouée : une jeune terroriste, en compagnie du policier qui a organisé sa fuite, se retrouve le temps d'un amour aux confins de l'Europe et de l'océan. C'est elle qui, par défi, invente devant nous un monde baroque et lugubre dont elle est sans doute l'émanation la plus tragique. -
Après son décès, chacun de nous traverse le Bardo, guidé sur le chemin de la renaissance par la lecture du Livre des morts tibétain. Mais que se passe-t-il si le mort désobéit ? Si le séjour dans le Bardo lui plaît au point qu'il ne veuille plus en sortir ? Quand aux mystiques se mêlent les fous, les imbéciles et les sous-hommes ? L'écrivain et acteur Bogdan Schlumm tente de répondre à ces questions...
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Dondog n'est qu'une blatte, un Untermensch. Enfermé suite au massacre des Ybürs, il sort de camp, amnésique. Comme lui, on ne connaît rien de ce monde, et pourtant tout est familier. Seule trace d'un passé qui lui échappe, trois noms résonnent dans sa tête. Il se vengera. Grâce à l'aide d'un chamane, Dondog arpente les rues chaotiques d'un pays noir, sans temps ni espace, à la recherche de trois âmes à abattre.
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« Cela me plaisait de devoir être tué en Chine, sur une jonque à l'ancrage, devant un photogénique vieillard, dans une atmosphère chinoise saturée de puanteurs, de fumée de poisson frit, de tabac, de pétrole, d'eau sale. Après tout, j'étais venu pour ça, pour en finir, pour être ailleurs et en finir. » Près de quinze ans après Le Port intérieur, Antoine Volodine retrouve ses paysages familiers : les ruelles obscures de Macau, l'humidité sordide, la nuit où monologuent des personnages ambigus et sublimes. Il ajoute ici un ouvrage à la vaste construction romanesque qu'il a entreprise et qui compte actuellement plus de trente titres.
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Dans un monde post-apocalyptique, la ville d'Oulang-Oulane est régie par un système totalitaire où les mutations génétiques vont bon train et où le capitalisme fait rage. Policier hanté par le deuil, Mevlido a pour mission de surveiller les bas fonds de la ville et en particulier d'épier des bolcheviques qui préparent un coup d'Etat. S'il est un professionnel dévoué, il n'en est pas moins séduit par les révolutionnaires. Pour retrouver la femme qu'il aime, assassiné par des enfants soldats, il va s'enfoncer dans les profondeurs de la ville et de ses rêves.
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Il pleut presque sans cesse, dans la vaste cité psychiatrique isolée de tout. Le long des rues obscures, entre les vieux bâtiments, errent infirmiers, malades et policiers, ainsi que d'autres créatures au statut incertain. Le pouvoir médical et politique continue à s'exercer sur les hospitalisés de basse catégorie, et, bien que rusant et mentant en permanence, malades et morts obéissent.
Toutefois, cet ordre immuable est remis en cause par une menace : Monroe, un dissident exécuté des années plus tôt, envoie depuis l'au-delà des guerrières ayant pour mission de rétablir la logique du Parti et le cours naturel de l'Histoire.
Breton et son acolyte, qui pourrait tout aussi bien être son double, ont la charge de débusquer les revenantes, au moyen d'une lunette spéciale. Mais rapportent-ils bien ce qu'ils voient ? Dans la pénombre, il n'est pas facile de distinguer un mort d'un vivant... Et les sentiments ont une logique qui n'est pas forcément celle de l'État.
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Un jour de printemps, trois prisonniers sont libres : un lutteur de cirque, un voleur de chevaux, un oiseau. Les grilles s'ouvrent et ils sortent. Dans la capitale, ils déambulent, évitant les patrouilles de salubrité frondiste. Malgré la douceur de l'après-midi qui incite à l'optimisme, ils voient mal ce que l'avenir leur réserve. Ils s'asseyent au bord du trottoir.
Ce soir là, un écrivain se rend au concert. En compagnie d'une amie très chère il compte écouter un quatuor pour cordes. Devant le théâtre, les sections frondistes accrochent des banderoles. Elles ont organisé un meeting. Les frondistes n'apprécient pas les livres de l'écrivain et la musique de chambre leur déplaît. Dans le roman ils interviennent et ils le cassent. À l'intérieur de la musique ils pénètrent et la brisent.
C'est l'altiste qui est la meilleure interprète du quatuor. Avec art, elle mêle ses chants à ceux des autres instrumentistes, mais parfois, elle joue en solo. Elle joue seule au nom de tous. Ses cordes vibrent, et soudain le monde du frondisme ordinaire s'estompe, se transfigure. L'air devient bleu. Avant de partir pour l'exil, goûtons avec elle cet air.
Alto solo est paru en 1991.
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À Puesto Libertad, capitale de la forêt vierge et sanctuaire désert de la révolution, la sécurité politique s'est mise à fouiller dans le passé de Fabian Golpiez qui, pour échapper aux interrogatoires, n'a d'autre solution que de simuler la folie. Un psychiatre-chaman, Gonçalves, lui offre ses services. Les séances se déroulent dans le cabinet d'un dentiste internationaliste qui collectait pour un dictionnaire les vocables indiens : le nom des singes, celui des arbres, des fourmis, etc. Sous les lianes qui ont envahi la maison, le médecin vocifère, le patient hurle. Les vrais et faux souvenirs des deux hommes se répondent puis de confondent. Derrière le mur rôde Gutierrez, le démobilisé, chassant les iguanes et le renseignement utile.
Le Nom des singes est paru en 1994.
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Breughel a subi une lobotomie qui l'a privé du sens de la durée, mais pas de ses passions essentielles. Et, quand la guerre éclate en Balkhyrie, il n'a pas besoin de longtemps réfléchir pour choisir son camp : ce sera celui de la nuit, de la violence et de la défaite. Dans le clair-obscur lunaire, Breughel rassemble ceux qu'il aime, tous ses amis hommes, femmes, animaux, dictateurs et poupées, et il essaie de tenir jusqu'à la fin. Pour sa très chère Molly, pour la très émouvante Tariana et pour les gueux qui ont survécu, il compose des opéras et met en scène des histoires d'amour. Comme la Balkhyrie a été détruite, plus rien n'empêche d'imaginer qu'on va y instaurer, fût-ce pour quelques heures, un paradis égalitariste et fraternel. Mais l'appel des décombres est trop fort. L'utopie sombre dans les flammes... Et seul subsiste l'au-delà : c'est-à-dire l'humour noir.
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Nos animaux préférés relève du genre que Volodine, dans son système post-exotique, appelle des entrevoûtes, c'est-à-dire des nouvelles qui sont mises en rapport les unes avec les autres. Il s'y mêle également des « shagga » autre genre volodinien, qui réunit des poèmes et leurs commentaires. La structure de l'ensemble, très savante, est pyramidale, organisée
thématiquement. Ce sont, en bref, des contes mettant en scène des animaux, des crustacés, un éléphant, des poissons femelles et une sorte de harem, à l'animalité incertaine. L'éléphant ouvre et ferme le recueil.
La première nouvelle, sur un mode comique, raconte comment Wong (l'éléphant), dans un pays dévasté, est sollicité par une tueuse pour un rapport sexuel dont il ne le veut pas : il l'écrase gaillardement sous sa patte.
La dernière nouvelle, sur un mode beaucoup plus tragique, mais non sans ironie, raconte la mort lente de Wong, qui a également refusé l'accouplement avec une humaine hystérique et sale, et s'enlise lentement dans le bitume, toujours dans un paysage de fin du monde. Les nouvelles (trois) qui parlent de crustacés (ou de crabes, on ne sait pas trop) font les portraits de divers rois, Balbutiar 30, 315 etc., qui, accrochés à leur rocher, contemplent la mer dans un demi-sommeil et tentent de s'opposer à des pêcheurs prêts à les mettre dans leurs filets. Enfin les « shaggas » sont de très beaux poèmes énigmatiques sur la vie des poissons et sur l'ennui et les frustrations d'un harem, dans une tonalité de Mille et une nuits. Dans un commentaire, assez ingénieux, l'auteur explique son fonctionnement poétique, qui est à la fois
moins rigide et moins arbitraire qu'il ne semble.
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Écrivains est un ensemble de sept courts textes, sept portraits d'écrivains qui se battent contre le silence et la maladie.Chacun de ces écrivains est presque mort ou juste déjà mort. Chacun d'eux a été, ou est, confronté à une extrême violence : interrogé sous la torture, proche d'être assassiné ou venant de l'être. On croise l'écrivain Mathias Olbane, qui après avoir passé sa vie en prison, est désormais caché dans un établissement mystérieux et lointain, tentant toutes les nuits d'appuyer sur la détente d'un pistolet avant d'avoir compté jusqu'à 444 ; ou encore un écrivain atteint d'une maladie de peau invité à des émissions culturelles sur le thème " les écrivains et le psoriasis " ; ou bien l'auteur d'un seul livre sur sa naissance qui essaie de dénouer les tissus de mensonges proférés par sa grand-mère sur sa mise au monde.Ce sont des hommes et des femmes écrivains qui voyagent dans le Bardo, cette zone de rêve qui permet à chacun d'inventer la fiction à partir de souvenirs.C'est un appel à la résistance, une plaidoirie pour la littérature, dans ce qu'on peut considérer comme la mise en scène d'un procès des écrivains et de l'écriture. C'est, comme le dit un des personnages, " un dernier témoignage inutile et imaginaire, prononcé par des épuisés ou par les morts et pour les morts ".
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«Le romånce appartient à la famille des formes romanesques. Sa structure musicale permet de traiter à la fois les angoisses des personnages et leur aspiration à la beauté.»Antoine Volodine. Après avoir aidé à construire une société où vivre en camp allait de soi, Jean Vlassenko et Maria Samarkande essaient de s'évader en créant des objets poétiques d'un type nouveau. Sous leur signature naissent des romånces, des narrats, des Shaggås. Ils cristallisent leur amitié amoureuse dans un recueil de narrats lumineux où apparaissent des hommes et des femmes qu'aucune distance, qu'aucun enfer ne sépare. En se mettant eux-mêmes indirectement en scène, ils font de leur livre un superbe pacte de fidélité. Puis Jean disparaît.Bien des années plus tard, dans une caserne sinistre, Jean Vlassenko et Maria Samarkande sont de nouveau en présence l'un de l'autre. Ils ont les mains liées, ils ne peuvent plus écrire, ils doivent feindre de ne pas s'être reconnus...
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Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze
Antoine Volodine
- Gallimard
- Blanche
- 5 Mars 1998
- 9782070752485
Qu'est-ce que le post-exotisme ?.
Comment et pourquoi une littérature de rêves et de prisons, profondément étrangère aux traditions du monde officiel, a-t-elle pu exister dans le quartier de haute sécurité oú pourrissent les criminels politiques ?. quelle voix récite les livres, quelle main les signe ?.
Pour donner un sens à son agonie, l'écrivain emprisonné lutz bassmann murmure des réponses et, ce faisant, il compose une ultime fiction.
On prêté leur mémoire à cette entreprise intemporelle : lutz bassmann, ellen dawkes, iakoub khadjbakiro, elli kronauer, erdogan mayayo, yasar tarchalski, ingrid vogel.
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J'appelle narrats des textes post-exotiques à cent pour cent, j'appelle narrats des instantanés romanesques qui fixent une situation, des émotions, un conflit vibrant entre mémoire et réalité, entre imaginaire et souvenir. C'est une séquence poétique à partir de quoi toute rêverie est possible, pour les interprètes de l'action comme pour les lecteurs. On trouvera ici quarante-neuf de ces moments de prose. Dans chacun d'eux, comme sur une photographie légèrement truquée, on pourra percevoir la trace laissée par un ange. Les anges ici sont insignifiants et ils ne sont d'aucun secours pour les personnages. J'appelle ici narrats quarante-neuf images organisées sur quoi dans leur errance s'arrètent mes gueux et mes animaux préférés, ainsi que quelques vieilles immortelles. Parmi celles-ci, une au moins a été ma grand-mère. Car il s'agit aussi de minuscules territoires d'exil sur quoi continuent à exister vaille que vaille ceux dont je me souviens et ceux que j'aime. J'appelle narrats de brèves pièces musicales dont la musique est la principale raison d'être, mais aussi où ceux que j'aime peuvent se reposer un instant, avant de reprendre leur progression vers le rien.
A.V.
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Biographie comparee de jorian murgrave - un navire de nulle part
Antoine Volodine
- Denoel
- Des Heures Durant
- 9 Octobre 2003
- 9782207255346
Antoine Volodine, né en 1950 à Châlons-sur-saône a enseigné le russe pendant une quinzaine d'années avant de se consacrer à l'écriture et à la traduction. En 1985, il confie un premier texte à Denoël, qui publiera ses quatre premiers romans dans la collection Présence du futur. Son oeuvre à la poétique exigeante échappe à toute classification et compte aujourd'hui une douzaine de titres. Volodine, qui souhaite « pratiquer la littérature comme un art martial » a forgé un univers singulier, à la lisière du fantastique et de la science-fiction, dans une dimension qu'il nomme lui-même le « post- exotisme » .