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Gérald Sfez
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Leo Strauss (1899-1973), philosophe juif allemand, est connu pour sa critique aiguë de l'idéal radical des Lumières et ses dérives modernes (historicisme, relativisme, progressisme et nihilisme), pour son retour à la pensée politique grecque et sa défense de l'universalité du droit naturel.
Sa philosophie tient à un fil directeur : le croisement entre les héritages biblique et grec. Ce sont les Lumières médiévales, plus prudentes et rationnelles que les Lumières modernes, qui ouvrent, à ses yeux, la question du rapport entre la foi en la Loi et l'autorité de la raison, en inventant un art d'écrire secret capable d'associer l'adresse au grand nombre et l'adresse aux lettrés.
Strauss défend l'idée d'un conflit irréductible et fructueux entre Athènes et Jérusalem, entre philosophie et Loi. Nous trouverions en effet dans la tension entre ces deux pôles légitimes et, pour partie, contradictoires, le pouvoir de contrer le déclin général de la politique contemporaine.
La philosophie de Strauss nous alerte par sa critique aussi vigoureuse que mesurée de la démocratie libérale moderne, par son intelligence de la tyrannie, de la persécution et de la discrimination étatiques ou sociales, et par sa mise en relief de l'importance du judaïsme éclairé.
Elle a ouvert la voie à un renouveau de la philosophie politique.
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L'oeuvre de Jean-François Lyotard (1924-1998) est exigeante et l'on ne s'y aventure pas sans risque. Elle nous conduit au bord de la falaise, en nous faisant côtoyer par ses interrogations ; les abysses du langage Au centre de la pensée de Lyotard se trouve le concept de différend et, par suite, le traitement de toutes les notions juridiques qui l'avoisinent. La philosophie du différend répond à deux questions solidaires : à quels biais peut recourir celui qui est confronté à un différend nu pour que sa plainte soit entendue et pour que le tort dont il a été victime soit reconnu ? Quelles formes peut prendre la reconnaissance réciproque de la vie civile, depuis un désaccord qui est l'expression d'un conflit de légitimités ? La pensée de la partie civile connaît deux versants : celui de la demande de reconnaissance d'un tort ; celui des conditions du vivre-ensemble sur la base de ce que nous pourrions nommer une civilité du différend.
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Leo Strauss (1899-1973) est au coeur de l'actualité philosophique et politique. Très présent aujourd'hui, il répond à notre adversaire principal, non pas le libéralisme, mais le nihilisme, et aux entreprises tyranniques qui ont partie liée avec le fanatisme religieux. Sa méditation constante des rapports entre foi et raison le conduit au décentrement de la cité de la raison (Athènes) pour la cité de la Loi (Jérusalem), et à un travail de construction de l'universel par le dialogue incessant des deux Antiquités, grecque et biblique.
Contre l'historicisme et le relativisme de la diversité des cultures, Leo Strauss refuse toute pertinence au vocable de " culture ", qui fait écran à la compréhension de notre monde. Il récuse la fable d'une coexistence pacifique des cultures entre elles et, tout aussi bien, l'hypothèse noire de leur guerre inéluctable. Ce qui peut seul nous garder contre de tels égarements, c'est l'écoute universelle et à jamais des alternatives des différentes traditions avec la reconnaissance de leur fond commun : la notion de Loi, transcendante et organisatrice de la vie partagée. Paradoxalement, la réflexion infinie, intime à chacun, du " dialogue inconcilié " entre foi et raison, qui traverse toutes les traditions, représente la réponse et la riposte décisives. Contre toute l'histoire des idées, la méditation de Leo Strauss s'appuie sur un art secret d'écrire, formulé à l'époque médiévale, dont Strauss retrouve la trace dans toute pensée en acte. Cet art ne représente pas seulement le caractère politique d'une stratégie de protection du sage envers la tyrannie de l'État ou de toute société en général. Il est le raisonnement même de l'écriture chiffrée de la Loi et la mise en oeuvre d'une ontologie discrète, qui fait corps avec l'essence de la vérité. Le discours interrogatif de Leo Strauss sur la conformité de la foi et de la raison ne relève pas de l'opposition entre philosophie et théologie, et inscrit cet auteur dans la grande tradition des penseurs.
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Que signifie philosopher, en guetteur critique, dans la postmodernité?
Telle est l'interrogation de l'auteur, à partir de la philosophie de Lyotard. En effet, dans un dialogue continuel avec Adorno et Levinas, Lyotard invente une philosophie nouvelle et dresse une critique de notre temps, qui s'affranchit à la fois de l'espérance dialectique, hégélienne ou marxiste, et de tout dogmatisme de la déconstruction. Prenant acte de la succession des politiques d'anéantissement en même temps que de l'ambiguïté constitutive des politiques légitimes, la philosophie du Différend et des ouvrages ultérieurs répond aux enjeux les plus directs des choses politiques.
Lyotard nous oriente ainsi vers une philosophie des ordres de justice et la reconnaissance de leurs contours flous, et pose une double mesure : l'une, intérieure au politique, qui relève de l'estime du décidable dans l'action ; l'autre, extérieure, dont attestent les arts, où le modus est celui de l'écriture. -
Leo strauss, lecteur de machiavel - la modernite du mal
Gérald Sfez
- Ellipses
- 14 Janvier 2003
- 9782729813444
Gérald Sfez, docteur ès lettres, est professeur de philosophie en Lettres supérieures en classes préparatoires au lycée Henri Poincaré de Nancy et maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.
Il est notamment l'auteur de Machiavel, la politique du moindre mal, PUF, 1999 et de Jean-François Lyotard, la faculté d'une phrase, Galilée, 2000. A une époque où l'on s'intéresse à la pensée de Machiavel pour l'inscrire plus précisément dans son contexte, la lecture que Léo Strauss fait de Machiavel nous rappelle à l'enjeu universel de sa pensée et à la nécessité d'en produire une interprétation philosophique.
Le lisant littéralement et à distance, Strauss voit en cette pensée le geste tenu secret de rupture de la filiation des deux autorités qui nous lient, celle de l'Ancien Testament et celle de la pensée grecque, et rapporte ce geste à la volonté moderne de destitution de l'autorité. Depuis le bord critique du retournement machiavélien de l'art d'écrire ésotérique, cette interprétation de l'invention de la modernité du mal nous éclaire sur des questions décisives : celle de l'autorité et du conflit des autorités, de la cohérence rationnelle et de la forme de vie légitime ; celle du sens de la rhétorique et de la preuve.
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Un écrivain est à la recherche d'une langue. L'hypothèse contemporaine est d'avoir associé cette « langue cherchée » à un geste de résistance. Quelles relations un tel geste, accentué chaque fois autour d'un vocable majeur, entretient-il avec la langue ? S'agit-il précisément de résister à la langue elle-même, ou bien, tout au contraire, de résister avec elle par son respect ?
Cet ouvrage enquête sur certaines des théorisations critiques les plus significatives. L'essai nous achemine, à travers la mise en débat et l'examen de leurs choix interprétatifs, vers l'appréciation de la puissance d'écart de la littérature vis-à-vis de la langue. Il s'inscrit dans la perspective d'une Critique de la raison idiomatique.
Trois voix, celles de Camus, de Michaux et de Quignard, nous instruisent, dans leur écriture réflexive, de la complexité de la résistance de l'écrivain et d'une modalité toujours particulière de la puissance d'écart. En déconcertant toute unilatéralité de vue comme toute position de simple équilibre, elles représentent des figures emblématiques de ce paradigme et des alternatives fortes dans l'approche commune de ce que peut bien signifier résister dans la langue. -
Léo Strauss et le problème de l'interprétation
Gérald Sfez
- Reseau Canope
- Philosophie En Cours
- 30 Septembre 2010
- 9782240031259
Contrairement à une idée préconçue, selon laquelle l'interprétation est une question de subjectivité, l'art d'interpréter obéit à une approche rationnelle : il suit des règles déterminées et renvoie à des critères définis. La pensée de Leo Strauss (1899-1973) fait ici figure de modèle. Elle propose un discours de la méthode mis en oeuvre dans la lecture de grands textes philosophiques de la tradition antique et moderne. Elle nous permet de mieux répondre à deux questions centrales : à quelles conditions une interprétation peut-elle être tenue pour rigoureuse et légitime ? Quelles sont, mesurées à l'aune de cette exigence rationnelle, les alternatives fondamentales entre les grandes orientations de l'art d'interpréter et quels en sont les enjeux ? Le problème de l'interprétation se montre ici dans toutes ses dimensions : celle de la réflexion sur l'existence et la nature de la vérité, celle du rôle politique de son mode de présentation et celle de la sagesse morale qui les accompagne. Cet ouvrage tente d'éclairer ce problème sous ces divers aspects par l'explicitation du modèle straussien et sa mise en dialogue avec d'autres pensées de l'art d'interpréter.
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Léo Strauss et les choses politiques
Gérald Sfez
- Reseau Canope
- Philosophie En Cours
- 23 Novembre 2011
- 9782240032386
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L'étude de Machiavel a contribué à élucider certains problèmes comme ceux du totalitarisme, de la division sociale et de la conf ictualité, de l'inégalité des conditions, du pouvoir et de la liberté, il convient aujourd'hui de penser les temps présents à par- tir d'une compréhension approfondie et renouvelée des grandes thèses machiavéliennes.
Il s'agit de saisir la façon dont la pensée machiavélienne, sui- vant le f l directeur de la « vérité effective de la chose », jette aujourd'hui une lumière crue sur l'importance de la pluralité des forces et des identités sociales hétérogènes au sein d'une même société, la pluralité des régimes légitimes, la fonction incontour- nable de l'autorité et son antagonisme avec la tyrannie, la néces- sité de l'extension du régime républicain et de sa corruption, les relations de correspondance et de non-correspondance entre les lois et les moeurs, l'épaisseur du vivre civil et la consistance du lien social, les relations entre la religion et la politique, la distinction à opérer entre les «politiques» de destruction et les politiques de domination, les liens conf ictuels entre sécurité et liberté.
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L'expression de « raison d'État » fait scandale : elle paraît signifier un régime d'exception à l'égard de la raison universelle ou commune, qui se recommande pourtant du titre de raison. Elle est l'allégation du droit d'échapper au droit.
Le présent ouvrage explore les différentes formes de son énonciation et ses titres de légitimité, d'Italie en France et de France en Allemagne. Il découvre autant les dérives que les rationalités qui ont oeuvré à la constitution raisonnable de l'État. Celles-ci ont contribué à l'élaboration du droit public et mis en débat les formes d'exception légitimes auxquelles le pouvoir d'État est contraint d'avoir recours, en politique intérieure et extérieure, dans les situations extrêmes en vue de l'intérêt public.
Ces rationalités ont suivi différents chemins depuis la ratio status médiévale à la mise en place de l'espace machiavélien (Machiavel et Guichardin), à leur bifurcation entre la voie de l'exception juridico-politique (Lipse et Charron) et celle de la maîtrise des ressources de l'État (Botero), leurs relations avec l'absolutisme et la naissance de l'État de bienfaisance. L'ouvrage expose la façon dont ces raisons d'État, multiples et divergentes, tant par leurs problématisations que par les réponses aigues qu'elles apportent, oeuvrent à la formation d'une pensée instruite de l'exception, affrontée aux dilemmes contemporains de la sécurité et de la liberté. Elles nous permettent, encore aujourd'hui, de prendre la mesure d'une zone incompressible de difficultés inhérentes à l'art de gouverner.
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Léo Strauss, judaïsme et philosophie
Danielle Cohen-Levinas, Marc de Launay, Gérald Sfez
- Beauchesne
- Le Grenier A Sel
- 3 Octobre 2016
- 9782701020938
Leo Strauss (1899-1973) a inscrit sa pensée dans l'héritage de la tradition grecque, mais également dans celui de la tradition biblique. Se rapportant au judaïsme comme à une révélation de la Loi (pour laquelle la dimension de la foi est secondaire), il fait retour à une pensée juive (Pourquoi nous restons juifs) et tente de prolonger la réflexion de Maïmonide dans les conditions nouvelles des temps présents.
Il s'oppose ainsi à sa rénovation par l'approche phénoménologique de Franz Rosenzweig comme à la pensée de Martin Buber, tout en se tenant à distance de la réflexion sur le mysticisme juif de Gershom Scholem avec lequel il dialogue.
Cet ouvrage interroge la manière dont Strauss pense les relations de corrélation et de conflit entre philosophie et judaïsme. En quoi la réflexion sur la Loi, dont il poursuit l'élaboration dans la lignée de la pensée médiévale et à contre-courant de la modernité des Lumières, représente- t-elle un approfondissement de la pensée juive et jette-t-elle une lumière crue sur la situation du judaïsme dans le monde ? Quels sont les termes du débat avec les penseurs contemporains du judaïsme avec lesquels il est en relation ? Quelles sont aujourd'hui les possibilités et les limites d'une telle réflexion pour la vitalité du judaïsme et de la philosophie ?
Les études présentes ouvrent des voies différentes, voire divergentes, essentiellement heuristiques, sur les possibilités et les limites de la réflexion straussienne pour la vitalité du judaïsme et de la philosophie. Elles s'accompagnent de la parution d'un texte inédit en français : « La situation religieuse actuelle » (1930), qui représente un moment décisif de la réflexion de Strauss sur la question.
Ont contribué à ce volume : Danielle Cohen-Levinas, Bruno Karsenti, Marc de Launay, Jean-Claude Monod, Géraldine roux, Gérald Sfez, Heinz Wismann.
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Contredons : Hommage à Marcel Hénaff
Gérald Sfez, Collectif
- Hermann
- Philosophie Hermann
- 27 Mars 2024
- 9791037038425
Dans cet hommage interdisciplinaire rendu à l'oeuvre de Marcel Hénaff (1942-2018), philosophe et anthropologue, des auteurs de sensibilités et d'horizons différents mettent ici en relief l'importance de sa pensée tant dans le domaine des sciences humaines qu'en philosophie. Ils réfléchissent sur les perspectives d'avenir qu'elle ouvre tout en soumettant ses présupposés à l'examen. Ce sont autant de contredons qui engagent à approfondir la question des rapports étroits entre don et symbolisme, de leur rôle dans la constitution du lien social, à distance de l'échange marchand. L'ouvrage invite ainsi à mesurer tout l'intérêt de cette orientation novatrice et à en transmettre l'héritage. Avec les contributions de : Sylviane Agacinski, Isabelle Alfandary, Marco Fioravanti, Antoine Garapon, Denis Kambouchner, Élise Lamy-Rested, Jean Lassègue, Alain Loute, Hélène Merlin-Kajman, Olivier Mongin, Bruno Paradis, Jean-Michel Rey, André Sauge, Gérald Sfez, Arnaud Villani.
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Français-philosophie ; l'aventure ; Homère, Conrad, Jankélévitch ; prépas scientifiques (concours 2018/2019)
Gérald Sfez, Collectif
- Breal
- L'epreuve Litteraire
- 27 Octobre 2017
- 9782749536613
Ce manuel vous préparera efficacement aux concours 2018-2019. Sa structure simple et claire favorise la maitrise des connaissances et des problématiques essentielles.
- Chacune des trois oeuvres est analysée dans un chapitre, en lien avec le thème.
- Tous les repères utiles pour aborder ces oeuvres figurent au début des trois premiers chapitres (chronologie, structure de l'ouvrage, éléments de biographie...).
- Un chapitre de synthèse permet de mieux cerner tous les enjeux du thème en s'appuyant sur les trois oeuvres.
- Chaque chapitre s'achève sur des outils complémentaires (extraits de textes, éléments de bibliographie, citations...) conçus pour vous aider à nourrir votre réflexion et enrichir vos copies.
- Un chapitre méthodologique sur l'épreuve de dissertation rassemblant tout ce dont vous avez besoin pour vous entraîner.
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Les pouvoirs de la parole ; de l'Antiquité à l'Age classique ; 1re, terminale
Jocelyne Sfez, Gérald Sfez, Aude Caillet
- Beauchesne
- Humanites Litterature Philosophie
- 9 Novembre 2020
- 9782701023250
De l'aède déclamant Homère à l'éloquence de l'Âge classique, en passant par les orateurs romains et les disputes médiévales, la parole trouve les conditions propices à son épanouissement public. Cet ouvrage aborde successivement les arts et les techniques qui visent dans des contextes variés à la maîtrise de la parole publique, les formes d'autorité associées à cette prise de parole et ses effets de séduction.
Un cours approfondi, élaboré par des professeurs expérimentés de lettres et de philosophie, ouvre chaque partie composée d'une anthologie d'oeuvres majeures de l'Antiquité, du Moyen Âge, de la Renaissance et de l'Âge classique. Une série de parcours permet la fréquentation suivie des textes, d'Homère à Pascal. Le riche apparat critique, les focus et grands-angles, encadrés de culture générale, en délivrent les clés de compréhension. Les questions guident le lecteur dans le repérage et la mise en oeuvre des procédés de l'art de la parole, pour une expression écrite et orale maîtrisée, tandis que s'élargissent sa conscience historique et son jugement critique. Les arrêts sur image éclairent les liens entre les arts, le langage et la pensée.
La méthodologie de l'épreuve de spécialité est suivie de sujets « type bac » corrigés et commentés afin de s'entraîner et réviser en toute autonomie.
Les Pouvoirs de la parole (semestre 1) permettra au lycéen d'exceller au baccalauréat :
- dans la spécialité Humanités, littérature et philosophie, tant à l'épreuve de fin de première (coeff. 5) qu'à celle de terminale (coeff. 16).
- et aux épreuves de Français (coeff. 10) en première et de Philosophie en terminale (coeff. 8). Chacun y aiguisera ses compétences orales par la pratique de l'argumentation, fondamentale pour la nouvelle épreuve du baccalauréat, le Grand Oral (coeff. 10).
Conçu pour offrir au lycéen une véritable culture humaniste, cet ouvrage servira pour candidater avec succès sur PARCOURSUP dans tous les cursus universitaires exigeants : classes préparatoires littéraires, commerciales et scientifiques, Instituts d'études politiques, écoles de commerce et d'ingénieurs, écoles d'art et d'architecture, écoles de journalisme...
Il accompagnera avec succès l'étudiant tout au long de ses études supérieures (1er et 2e cycle).