Marieluise Fleisser (1901-1974), dramaturge et nouvelliste bavaroise, a, tout comme Horváth, directement inspiré cette génération qui, avec Fassbinder, Kroetz et Sperr, a entrepris, dans les années 1960-1970, de réformer le théâtre populaire. Dans le Berlin des années 1920, elle avait côtoyé les grands noms du théâtre. Ses rapports avec Brecht furent ceux de la soumission et de la révolte. Ses personnages, particulièrement ses héroïnes, quêtent confusément le bonheur: inconscients de qui les opprime, ils s'en prennent à leurs compagnons d'infortune, à eux-mêmes. Fleisser prête sa voix à ces victimes, son désir ardent de libération, une poésie vitale qui doit éclairer leur route. Cet ouvrage étudie de façon privilégiée les Ingolstädter Stücke, en les confrontant aux différentes tendances de l'époque, afin de caractériser cette importante étape dans l'histoire du théâtre populaire.
Parce qu'il est à la fois auteur de quelques-unes des plus grandes pièces de la littérature allemande et brillant théoricien du genre dramatique.
Friedrich Schiller s'impose à l'attention, à la curiosité et à l'étude de l'amateur de théâtre. Maria Stuart, une des oeuvres de la maturité, ne peut se comprendre que si l'on s'est pénétré des grands modèles dramaturgiques, particulièrement du canon aristotélicien, ainsi que des grandes personnalités qui les ont illustrés. Avec cette oeuvre maîtresse, il prend aussi position dans les grands débats politiques, moraux et philosophiques de son temps.
Les différents spécialistes qui ont apporté leur contribution à cet ouvrage éclairent ces questions fondamentales.
Un spectre hante le théâtre contemporain : l'auteur dramatique. Aristote avait légiféré, l'auteur avait son canon intangible. Mais son désaveu ultérieur, son autorité réfutée, puis sa mort proclamée l'ont chassé du trône. Également détrôné : le texte dramatique, ou plutôt la prétention de vouloir soumettre la scène, avec elle le public, au pouvoir régalien du discours préexistant, celui de l'auteur démiurge. Le théâtre postdramatique, marque une rupture, qui s'inscrit dans la violence faite au statut du texte et de l'auteur, dont la position, le rôle, le droit à la reconnaissance sont à redéfinir. Nous en trouvons déjà les prémices dans les origines antiques du théâtre et plus récemment chez Maeterlinck, Claudel, Yeats, Artaud et d'autres.
Le Prix Nobel de littérature est venu couronner en 2004 une représentante majeure du théâtre européen : Elfriede Jelinek.
Les contributions qui composent le présent ouvrage coordonné par Gérard Thiériot replacent la dramaturge dans son contexte historique, politique et littéraire, celui de l'Autriche depuis la Seconde Guerre mondiale. Si l'ensemble de la production dramatique d'Elfriede Jelinek est présent en toile de fond, sont ici privilégiées deux pièces récentes et encore peu étudiées, In den Alpen et Das Werk (2002) : le lecteur mesurera ainsi le long cheminement du théâtre, depuis ses fondements aristotéliciens, les avatars que représentent les drames moderne puis postmoderne, et la formidable remise en cause des principes fondamentaux qu'entraîne ce que l'on rend à nommer aujourd'hui le théâtre postdramatique.
Enfin, la dimension féministe des pièces d'Elfriede Jelinek, qui occupe une place à la fois éminente et originale dans les gender studies, fait ici l'objet d'une attention particulière.
Franz Xaver Kroetz, actuellement l'un des premiers écrivains dramatiques de langue allemande, entend se démarquer d'un courant bien canalisé, pour lequel le théâtre populaire ne vise qu'à divertir les masses en leur faisant oublier les difficultés de l'existence. Il s'agit, pour cet auteur qui se situe dans la lignée de Horvàth et de Fleißer, d'embrasser la réalité sociale afin d'en dégager les contradictions, et par là-même d'amener le spectateur à prendre conscience de sa place dans la société. L'ouvrage prend en compte la production dramatique, particulièrement prolifique, de Kroetz, s'efforce d'en dégager la structure interne à l'aide de tableaux synoptiques et établit une monographie de deux de ses fleurons, Stallerhof et Das Nest.
