Georges Lukács
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Cet essai esthétique du jeune Lukacs met en rapport les grandes catégories du genre romanesque et les étapes de l'histoire occidentale : des romans de chevalerie à Flaubert, Tolstoï et Dostoïevski en passant par Cervantes, les grands romans correspondent aux idéaux qui ont commandé à l'histoire de l'Europe. Il s'agit moins d'une sociologie de la littérature que d'une réflexion sur la philosophie des formes et sur leur enchaînement historique depuis la tragédie grecque et le genre épique jusqu'à l'aube de la réflexion contemporaine.
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Un roman peut-il devenir une arme contre le fascisme ? Quel rôle incombe à la littérature allemande dans le mouvement de résistance au nazisme ? C'est à ces questions que Lukacs tente de répondre dans les trois textes réunis ici pour la première fois. Écrits entre 1938 et 1942, au coeur d'une bataille politique et idéologique aux dimensions alors tragiques, ces textes dénoncent un antifascisme « libéral » qui, à l'instar d'un Stefan Zweig, refuse toute perspective révolutionnaire et ne propose qu'un antifascisme abstrait ignorant des véritables forces sociales en lutte. Face à cette impasse, Georg Lukacs défend des écrivains tels que Thomas et Heinrich Mann qui, en s'appuyant sur l'héritage classique opposent à la littérature de propagande « un réalisme critique vrai comme la vie » porteur d'un humanisme révolutionnaire dont le peuple est le premier acteur.
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La destruction de la raison ; Schelling, Schopenhauer, Kierkegaard
Georges Lukács
- Delga
- 10 Septembre 2010
- 9782915854213
Que l'histoire de la philosophie, de la Révolution française à la barbarie nazie, nous soit intelligible, voilà bien le propos de La Destruction de la raison écrit par Georges Lukacs en 1954 et dont nous publions ici les chapitres concernant la première moitié du XIXe siècle. Le développement des forces productives et le bouleversement des rapports de production pendant cette période, s'accompagneront de grandes avancées scientifiques porteuses d'une évolution déterminante en philosophie. Face à cette nouvelle donne, l'aristocratie de la Restauration puis surtout la bourgeoisie victorieuse, adapteront leur arsenal intellectuel en fonction de l'expression des antagonismes de classe. Georges Lukacs met en lumière une apologétique indirecte du capitalisme : séries de dispositifs philosophiques mis en place pour faire pièce à la pensée progressiste, à la philosophie dialectique, à travers la négation de l'histoire et du progrès, de la société, de l'objectivité de la réalité, de la causalité, de l'universalisme, de la raison.
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Ontologie de l'être social. L'idéologie. L'aliénation
Georges Lukács
- Delga
- 2 Avril 2012
- 9782915854343
Avec la publication des deux chapitres sur l'idéologie et sur l'aliénation se clôt la traduction française de la seconde partie de l'Ontologie de l'être social, consacrée aux grands concepts fondateurs (ou selon l'expression de l'auteur aux « problématiques les plus importantes »). L'ambitieux projet d'élaborer une sorte de « critique de la raison historique », de grammaire spéculative de la vie sociale, a pris corps dans le volumineux manuscrit de l'Ontologie de l'être social. L'ouvrage fait figure d'un bloc erratique dans le paysage de la philosophie contemporaine. Il est pourtant certain que les analyses consacrées au concept de travail, à la société comme un « complexe de complexes », au concept d'idéologie, à l'authenticité et l'inauthenticité de l'existence humaine, à son assujettissement et à son émancipation, à la spécificité du genre humain en-soi et à la spécificité du genre humain poursoi, prennent un relief saisissant dans le contexte de la crise actuelle.
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Lorsqu'on relit La Destruction de la raison, publiée par Georges Lukacs en 1954, la position de l'idéologie dominante, confrontée à une critique marxiste et authentiquement philosophique de Nietzsche, devient plus difficile. Que la relation de Nietzsche au nazisme se trouve non seulement élucidée, mais développée en une critique de la philosophie irrationaliste mise en place pour contrer le progressisme issu de la Révolution française, voilà qui fait mieux comprendre le destin de ce livre, impublié depuis trente ans, mauvaise conscience de l'Université française. Voir la nietzschéolâtrie ambiante dénoncée, mais surtout réfutée et expliquée, constitue déjà pour elle un scandale. Mais ce qui explose ici, c'est aussi le consensus philosophique dominant : à savoir les éternels hommages de la vertu au vice, et du vice à la vertu, entre d'un côté une critique seulement morale de Nietzsche (Ferry, Comte-Sponville...), de l'autre l'immoralisme primesautier des Deleuze, Foucault, Derrida - et même le sous-nietzschéisme d'un Onfray. Les débordements identitaires actuels, aboutissement de cet irrationalisme, viennent confirmer les vues de l'un des plus grands penseurs du XXe siècle.
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La destruction de la raison ; de l'après Nietzsche à Heidegger et Hitler
Georges Lukács
- Delga
- 10 Juin 2017
- 9782376071174
Troisième et dernier volet d'une série intitulée La Destruction de la raison. Le chemin de l'irrationalisme de Schelling à Hitler, cette fresque, parue en 1954, des attaques contre le rationalisme et des conditions de l'arrivée du fascisme en Allemagne, est le grand livre de combat de Lukacs. Dans ce présent volume, l'auteur s'attaque à la période marquée par l'immédiate influence de Nietzsche, jusqu'à Heidegger. En ligne de mire :
- La philosophie vitaliste, qui consiste à métamorphoser l'agnosticisme en une mystique et l'idéalisme subjectif dans la pseudo-objectivité du mythe.
- La « mise entre parenthèses » phénoménologique, qui n'est une méthode spécifique que dans le sens où en elle, d'emblée, l'arbitraire idéaliste subjectif irrationaliste, qui s'affuble d'un pseudonyme supposé le faire passer pour objectif.
- Heidegger, lequel offre un tableau authentique des réflexes intellectuels que déclenche la réalité du capitalisme impérialiste de l'entre-deux-guerres chez ceux qui ne sont ni capables ni désireux de dépasser les expériences immédiates de leur propre existence dans le sens de l'objectivité, c'est-à-dire dans le sens d'une exploration de leurs causes socio-historiques.
Tous ces courants, et d'autres encore (Georg Simmel, Carl Schmitt, Ernst Jünger etc.), marquent des étapes différentes de l'irrationalisme allemand sur la voie qui a mené l'Allemagne à un désarmement intellectuel et moral face aux hordes hitlériennes.
Préface de Domenico Losurdo. -
Ontologie de l'être social ; le travail, la reproduction
Georges Lukács
- Delga
- 18 Mars 2011
- 9782915854268
Face au « règne de la manipulation » capitaliste, le projet lukacsien d'une Éthique sera confronté à la nécessité préalable d'une Ontologie de l'être social. Dans le présent volume, Georges Lukacs (à la suite de Marx), établit que le travail n'est pas une manifestation parmi d'autres de la téléologie mais au contraire l'unique domaine dans lequel on puisse identifier, de manière résolument matérialiste, une position téléologique (de séries causales). Il est saut ontologique de la sphère organique à la sphère sociale et médiateur de l'échange matériel entre la nature et la société. Toutes les autres catégories de l'être social se déploieront en un échafaudage de productions sociales et de formes d'intersubjectivités de plus en plus complexes (langages, pensée conceptuelle, religions, institutions politiques, juridiques, arts, etc.) sur le modèle du travail, constituant ainsi l'être en-soi du genre humain. Lukacs montre qu'en parallèle de cette évolution de l'être en-soi du genre humain, ancré dans sa particularité abstraite, s'instaurera de plus en plus une tension dialectique de ce dernier avec un être pour-soi de la généricité humaine, tourné, lui, vers l'universel et qui, à travers nombre d'avancées et de reculs, conduira tendanciellement à une humanité de plus en plus unitaire et maîtresse d'elle-même et de ses déterminations.
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L'esthétique Tome 2 : la spécificité de la sphère esthétique
Georges Lukacs
- Editions Critiques
- 24 Juin 2022
- 9791097331399
Publiée en 1963 et inédite en français jusqu'à ce jour, L'Esthétique de Georg Lukács (1885-1971) est une oeuvre sans équivalent et une contribution majeure à la pensée matérialiste. Cette oeuvre somme, fruit d'une vie de réflexions philosophiques, littéraires et politiques, s'inscrit dans une tradition qui d'Aristote à Hegel étudie l'art comme une fonction essentielle de la vie humaine. Mais surtout, elle constitue une tentative inégalée d'élaborer une esthétique marxiste achevée.
Pour Lukács, la jouissance esthétique réconcilie la subjectivité et l'objectivité, soustrait l'individu à sa réalité fétichisée et lui adresse un impératif : « transforme ta vie ». -
Lukacs inscrit l'être social de l'homme dans ce que la manipulation capitaliste a pour fonction d'occulter : le travail, fondement ontologique, duquel dérivent la pensée, le sujet, la langue, etc. Leur intégration sociale organisera au niveau global la praxis humaine, dans toute la richesse de ses manifestations historiques. Cette praxis se développe, tendanciellement, vers l'accomplissement d'une généricité humaine authentique toujours plus consciente de ses déterminations objectives : la préhistoire de l'homme dans laquelle nous végétons encore laisserait alors place à son histoire réelle. Telle est la perspective de ce livre qui entend concentrer, condenser la charge ontologique, le potentiel concret, présents dans l'oeuvre monumentale de Marx. Loin d'un incantatoire « retour à Marx » conçu formellement comme produit fini, Lukacs nous permet de penser le marxisme comme outil de production. D'une ontologie l'autre : on comprend pourquoi ce siècle n'aura autorisé que celle d'Heidegger, anti-historique et apologétique du statu quo capitaliste.
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ma vie aurait été vacuité ou mensonge si je ne vous avais pas rencontrée.
lettre de georg lukacs à irma seidler. la trame essentielle du journal de jeunesse de lukacs est l'histoire tourmentée de sa relation amoureuse avec irma seidler. le journal des années 1910-1911 fournit l'arrière-plan existentiel des essais réunis dans le premier livre du philosophe, l'ame et les formes, paru en allemagne en 1911. la relation avec irma seidler n'est pas sans rappeler l'histoire des rapports entre soren kierkegaard et regine olsen, histoire à laquelle est consacré un des principaux essais du livre.
le journal de 1910-1911 est un texte indispensable pour la compréhension du trajet existentiel et intellectuel de lukacs.
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Philosophie de l'art (1912-1914)
Georges Lukacs
- Klincksieck
- L'Esprit Et Les Formes
- 1 Janvier 1981
- 9782252023259
Au carrefour de la phénoménologie, du kantisme et de l'existentialisme naissant, intégrant les observation des artistes, des historiens d'art, esquissant une métaphysique de l'histoire, l'esthétique du jeune Lukács est un des projets les plus ambitieux que l'on ait entrepris depuis l'idéalisme allemand pour explorer l'essence de l'art en toutes ses dimensions. Sa nouveauté réside dans la proximité de l'auteur par rapport à la production artistique et dans le fait qu'il n'impose à l'art aucune norme, mais qu'il s'efforce de le faire parler lui-même en se soumettant à sa propre logique.
Publié en Allemagne après la mort de l'auteur, ce livre modifie considérablement l'image de l'oeuvre lukácsienne et la place qu'il faut lui accorder dans la philosophie du début du siècle. La rédaction de l'ouvrage se situe entre l'Âme et les Formes (1911) et la Théorie du roman (1916), ces deux grands livres de jeunesse dont il dévoile certains fondements systématiques. En introduisant les concepts de malentendu (l'autonomie de l'oeuvre par rapport aux sujets créateurs et réceptifs), de la dissonance au coeur des formes artistiques, et de leur historicité, il montre en Lukács l'un des principaux initiateurs de l'esthétique du xxe siècle.
R. Rochlitz -
Un homme, une oeuvre, un genre littéraire ne surgissent jamais ex nihilo, ils sont au contraire toujours préparés, conditionnés par un certain contexte historico-culturel. Georges Lukacs applique ici cette théorie au roman historique qu'il étudie à travers les oeuvres de Balzac, Flaubert, Zola, Mann, Scott, ou encore Tolstoï. Souvent considéré comme l'un des pères de l'existentialisme, il est aussi, avec Théorie du roman(1920), celui de l'analyse structurale de la création littéraire.