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Georges Rouault
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Se mesurer avec le réel, mais ne pas faire fi de la leçon des maîtres ; rendre l'art moderne le pair de l'art des musées ; à cet effet, plein de méfiance pour la peinture littéraire qui confond art et idées, penser en termes de plastique - «forme, couleur, harmonie», aime-t-il répéter - et avoir à coeur de posséder son métier, en étant, comme Daumier, un bon ouvrier et en chérissant le travail bien fait, comme Degas - ce qui implique le dédain et le refus de la virtuosité : telle doit être la peinture, au gré de Rouault, qui définit du même coup la sienne. Le rapport est étroit entre ses écrits et son art, qui l'est également entre tels de ses textes et telles de ses toiles ou de ses gravures. Le rapprochement se fait de soi-même entre certains de ses poèmes et ses Juges, ses Maternités, sa Péniche du musée de Grenoble, ses Caissières de cirque forain, ou encore, dans son Miserere, son Condamné et sa Dame du haut quartier. C'est le même Rouault qui peint, grave et écrit, un Rouault partagé entre souffrance et bonheur.
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Enfants de la balle, sur vos frimousses mutines, peureuses ou hardies, la lumière caresse la forme et la magnifie. Il n'y a de laideur qu'en certains pédants critiques et justiciers, de métier négateurs. Mais si je suis assez fort, la beauté expressive, je dois savoir la souligner parfois en riant des conventions sordides de tant de nos faux Athéniens. Le rire est bon à entendre et à voir, car il libère de tant de misères véritables ou imaginaires : Qui ne sait plus rire Ou sourire N'a qu'à trépasser. -- Original etchings and woodcuts by Georges Rouault Circus children, the light falls gently on your rebellious little faces, timorous or brazen, and magnifies them. What is ugly is the judgemental and affected critic, whose trade is to deny. But if I am good enough, I must know how to reveal expressive beauty, sometimes while mocking the sordid conventions of so many of our would-be Athenians. Laughter is good to hear and to see, because it frees us from so much real or imaginary wretchedness: Anyone who no longer knows how to laugh, Or to smile, Should depart this life.
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" À ma première entrevue avec Suarès [...], je ne sais ce que je lui dis [...], je sais seulement qu'en deux minutes, sur le pas de la porte, par quelques traits que je lui citai, il saisit. J'en conclus qu'il avait du flair et je me liai avec lui. [...] De là cette Passion écrite par Suarès, éditée par Vollard et que j'illustrai. Très largement, comme je le fais toujours, sans trop me préoccuper du texte, sans le suivre à la lettre, mais en étendant [...] le long et très libre dialogue que j'avais engagé avec son auteur. J'aimais Suarès pour sa sensibilité artistique, pour l'universalité de sa culture, pour l'intelligence des choses dont il aurait pu être, semblait-il, le plus éloigné. Et même je le trouvais mieux fait que tel ou tel catholique notoire pour atteindre certaines grandeurs religieuses. Nous nous entendions à demi-mots ; je dirais, sans nous comparer autrement à eux, comme Barbey d'Aurevilly et Léon Bloy, par une certaine affinité d'esprit et de coeur, en des nuances d'un ordre supérieur et qui ne peuvent s'expliquer. S'il n'avait pas ma foi, je ne cherchais pas à en tirer vanité. Je pensais que nous pouvions traiter ensemble un des grands thèmes qui m'a toujours occupé, celui des souffrances et de la mort du Christ et cela sans que l'un d'entre nous eût rien à sacrifier à l'autre de ses convictions personnelles ou de l'interprétation de certaines paroles ou de certains faits rapportés par l'Évangile. J'ignorais par exemple si Suarès croyait ou non à la Résurrection de Jésus dont je n'ai jamais douté. Il n'y fait pas allusion en tout cas dans l'ouvrage tandis que je l'ai célébrée en l'une des dernières planches. " (Georges Rouault 1956) -- " In my first interview with Suarès (...) I knew what to say to him (...) I knew after just a few minutes, before he came into the room, I quoted some lines to him, he caught on immediately. I realised he had real flair and I felt close to him (...). So it was that the Passion came about, written by Suarès, published by Vollard, that I illustrated - very broadly, as I always do, without taking too much interest in the text, not following it word by word, but extending (...) the long and very free dialogue I had begun with its author. I liked Suarès for his artistic sensitivity, his universal culture, his understanding of things from which he may have been, to all appearances, quite distant. Even better than certain renowned Catholics, he was able to reach religious grandeur. We understood each other in a few words; without drawing any other comparisons, I would say we were like Barbey d'Aurevilly and Léon Bloy, a certain kinship of spirit and the heart; subtlety of a higher order that can't be explained. If he had less faith than me, I didn't draw any vain pleasure from the fact. I thought we could work together on one of the great themes that has always interested me, that of Christ's suffering and death, without either one of us making any sacrifices to the other in terms of his personal convictions or the interpretation of certain words or facts recounted in the Gospel. For instance, I didn't know whether Suarès believed in the Resurrection of Jesus, which I myself have never doubted. He doesn't mention it in the book anyway, whereas I commemorated it on one of the last full page illustrations." (Georges Rouault 1956)
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Stella vespertina - - edition originale comprenant une presentation de l'abbe morel et la reproducti
Georges Rouault
- Flammarion
- 8 Janvier 1992
- 9782080104229
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Forme, couleur harmonie Oasis ou mirage.
Pour les yeux, le coeur ou l'esprit Vers l'Océan mouvant de l'Appel pictural " Demain sera beau " disait le naufragé Avant de disparaître à l'horizon maussade La paix ne semble guère régner. Sur ce monde angoissé D'Ombres et de semblants. Jésus en Croix mieux que moi vous le dira Jeanne en ses brèves et sublimes réponses à son procès Aussi bien les martyrs et les saints Obscurs ou consacrés. Paris, 1918, Georges Rouault.
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" Un ouvrage des éditions du Cerf, maison des cultes, des cultures et des civilisations. Le Cerf est le premier éditeur religieux de France et de l'espace francophone. "
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Respectueux de la pensée d'autrui, même si elle est à l'opposé de la mienne, j'ai longtemps hésité avant de vivre dans l'atmosphère des "Fleurs du Mal" et bien que passant - à tort - pour le dernier des romantiques, j'ai cru comprendre la sensibilité de leur auteur. Son talent s'épanouit suivant une ligne plus classique qu'il ne paraît... Classique, ce mot pour tant de gens n'est qu'une formule vaine... C'est pourtant l'extrême et lumineux horizon de l'esprit qui se libère des modes et formes accidentelles. Une âme un peu haute est la raison même des haines les plus cachées, les plus hypocrites, dont certains hommes, les plus corrects, les plus "cotés" parfois, ne s'aperçoivent même pas qu'ils sont possédés.