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Michel Foucault
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Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIX? siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au coeur des villes. Elles figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale. Ceux qui volent, on les emprisonne; ceux qui violent, on les emprisonne; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser? Un vieil héritage des cachots du Moyen Âge? Plutôt une technologie nouvelle:la mise au point, du XVI? au XIX? siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois «dociles et utiles». Surveillance, exercices, manoeuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers:la discipline. Penser les relations de pouvoir aujourd'hui ne peut se faire sans prendre en compte l'ouvrage de Michel Foucault (1926-1984), devenu aussi indispensable à notre époque que le Léviathan de Hobbes le fut à l'époque moderne.
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Les sciences humaines d'aujourd'hui sont plus que du domaine du savoir : déjà des pratiques, déjà des institutions. Michel Foucault analyse leur apparition, leurs liens réciproques et la philosophie qui les supporte. C'est tout récemment que l'«homme» a fait son apparition dans notre savoir. Erreur de croire qu'il était objet de curiosité depuis des millénaires : il est né d'une mutation de notre culture. Cette mutation, Michel Foucault l'étudie, à partir du XVII? siècle, dans les trois domaines où le langage classique - qui s'identifiait au Discours - avait le privilège de pouvoir représenter l'ordre des choses : grammaire générale, analyse des richesses, histoire naturelle. Au début du XIX? siècle, une philologie se constitue, une biologie également, une économie politique. Les choses y obéissent aux lois de leur propre devenir et non plus à celles de la représentation. Le règne du Discours s'achève et, à la place qu'il laisse vide, l'«homme» apparaît - un homme qui parle, vit, travaille, et devient ainsi objet d'un savoir possible.Il ne s'agit pas là d'une «histoire» des sciences humaines, mais d'une archéologie de ce qui nous est contemporain. Et d'une conscience critique : car le jour, prochain peut-être, où ces conditions changeront derechef, l'«homme» disparaîtra, libérant la possibilité d'une pensée nouvelle.
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Entretiens radiophoniques, 1961-1983
Michel Foucault
- Flammarion
- Essais Flammarion
- 23 Octobre 2024
- 9782080460189
De 1961, date de son retour en France après plusieurs années passées en Suède, en Pologne et en Allemagne, jusqu'à la fin de sa vie, Michel Foucault a été très régulièrement présent à la radio, d'abord sur la chaîne France III National, puis à partir de 1963 sur France Culture. La parution de ses ouvrages est l'occasion de débats : c'est le cas de l'Histoire de la folie, de Raymond Roussel et de Les Mots et les Choses. La radio accueille aussi d'importantes conférences comme «Langages de la folie», «Rousseau juge de Jean-Jacques», «Les utopies réelles ou lieux et autres lieux» et «Le corps utopique». La diversité des émissions et des thèmes traités reflète l'insatiable curiosité d'esprit de Michel Foucault : philosophie, sciences humaines, médecine - en particulier la psychiatrie -, histoire, littérature, politique, théâtre... Vision panoramique d'un Foucault saisi sur le vif, dans la chaleur et la surprise de l'échange, ce volume fournit la meilleure des introductions à l'une des grandes oeuvres de la pensée.
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« C'est, en principe, une histoire de la folie qu'on enferme, du Moyen Âge au XIXe siècle ; c'est, plus profondément, à travers l'étude de cette structure qu'est l'internement, une tentative pour établir un dialogue entre folie et déraison ; c'est enfin une esquisse de ce que pourrait être "une histoire des limites - de ces gestes obscurs, nécessairement oubliés dès qu'accomplis, par lesquels une culture rejette quelque chose qui sera pour elle l'Extérieur. » Maurice Blanchot.
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Histoire de la sexualité Tome 1 ; la volonté de savoir
Michel Foucault
- Gallimard
- Tel
- 3 Novembre 1994
- 9782070740703
Nommé au Collège de France, Michel Foucault a entrepris, durant la fin des années soixante-dix, un cycle de cours consacré à la place de la sexualité dans la culture occidentale : l'Histoire de la sexualité, articulée en trois volumes (La volonté de savoir, L'usage des plaisirs et Le souci de soi). Il y prolonge les recherches entreprises avec L'archéologie du savoir et Surveiller et punir, mais en concentrant ses analyses sur la constellation de phénomènes que nous désignons par le «sexe» et la sexualité. L'axe de cette entreprise n'est pas de s'ériger contre une «répression» de la sexualité afin de la «libérer», mais de montrer comment la vie sexuelle a enclenché une volonté systématique de tout savoir sur le sexe qui s'est systématisée en une «science de la sexualité», laquelle, à son tour, ouvre la voie à une administration de la vie sexuelle sociale, de plus en plus présente dans notre existence. Foucault fait ainsi l'archéologie des discours sur la sexualité (littérature érotique, pratique de la confession, médecine, anthropologie, psychanalyse, théorie politique, droit, etc.) depuis le XVIIe siècle et, surtout, au XIXe, dont nous héritons jusque dans les postures récentes de «libération sexuelle», l'attitude de censure et celle d'affranchissement se rencontrant finalement dans le même type de présupposé : le sexe serait cause de tous les phénomènes de notre vie comme il commanderait l'ensemble de l'existence sociale.
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Histoire de la sexualité Tome 2 ; l'usage des plaisirs
Michel Foucault
- Gallimard
- Tel
- 23 Janvier 1997
- 9782070746736
Dans ce deuxième volume, Foucault poursuit son enquête historique sur les sources de notre sexualité occidentale. Il a dû infléchir son projet initial pour s'intéresser aux sources antiques, grecques et surtout romaines.La recherche se développe selon tous les aspects concernés par la sexualité et prend ainsi les dimensions d'une anthropologie générale du plaisir. Foucault ne néglige pas non plus l'économie de la sexualité et son inscription dans un cadre social et juridique, et il étudie le statut du mariage, ainsi que l'organisation des foyers. Enfin, l'ouvrage se conclut sur un traité d'érotique et une réflexion sur ce que serait l'amour véritable.
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Nietzsche : Cours, conférences et travaux
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 31 Mai 2024
- 9782021452853
« Nietzsche et Heidegger, ça a été le choc philosophique ! Mais je n'ai jamais rien écrit sur Heidegger et je n'ai écrit sur Nietzsche qu'un tout petit article ; ce sont pourtant les deux auteurs que j'ai le plus lus », dira Michel Foucault à la fin de sa vie. Puis, il précise : « Je crois que c'est important d'avoir un petit nombre d'auteurs avec lesquels on pense, avec lesquels on travaille, mais sur lesquels on n'écrit pas. »
Les Cours, conférences et travaux sont des témoignages inédits du « travail » de Foucault avec Nietzsche. Ces textes datent des deux grandes périodes de sa vie intellectuelle : d'abord le début des années 1950, quand il s'intéresse à Hegel et à la phénoménologie, ainsi qu'au marxisme. Le jeune Foucault expérimente alors de nouvelles approches pour développer une philosophie fondée sur l'expérience et l'analyse du discours. Ensuite, après la publication des Mots et les Choses en 1966, lorsque Foucault revient avec élan à Nietzsche pour élaborer sa propre méthode généalogique, relançant ainsi son projet d'une histoire de la vérité et du dire vrai.
C'est à travers la confrontation avec Nietzsche que Foucault aura construit sa propre manière de philosopher. Ces Cours, conférences et travaux sont indispensables pour comprendre comment Foucault a lu Nietzsche, en particulier au moment décisif où il le découvre. Ils sont essentiels pour saisir le Nietzsche de Foucault. -
Histoire de la sexualité Tome 3 ; le souci de soi
Michel Foucault
- Gallimard
- Tel
- 23 Janvier 1997
- 9782070746743
Le troisième et dernier volume de l'histoire de la sexualité est consacré à la formation de l'individu telle qu'elle a été développée à travers des textes souvent peu analysés - Artémidore, Galien, le Pseudo-Lucien -, mais déterminants dans la mise en place d'une finalité générale de la culture qui culmine dans l'émergence d'une personnalité singulière, capable de faire le meilleur usage de son corps et de son esprit harmonieusement éduqué pour le rendre à même d'assumer les fonctions politiques auxquelles il est d'emblée destiné. La formation du corps, la perspective du mariage, les relations avec la femme comme celles avec les autres garçons, les représentations du plaisir s'inscrivent toutes à l'horizon politique et culturel de la Cité, et toutes se confrontent à l'idéal de la vie bonne.
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La société punitive ; cours au collège de France 1972-1973
Michel Foucault
- Points
- Points Essais
- 20 Janvier 2023
- 9782757888179
Prononcées en 1973, ces leçons sur la « société punitive » examinent la façon dont se sont forgés les rapports de la justice et de la vérité qui président au droit pénal moderne, et questionnent ce qui les lie à l'émergence d'un nouveau régime punitif qui domine encore la société contemporaine.
Ce cours, supposé être préparatoire à Surveiller et Punir (1975), se déploie au-delà du système carcéral, englobant l'ensemble de la société à économie capitaliste, au sein de laquelle s'innove une gestion particulière de la multiplicité des illégalismes et de leur imbrication.
Cet essai brasse un matériel historique jusque-là inédit, concernant l'économie politique classique, les Quakers et « Dissenters » anglais, leur philanthropie - eux dont le discours introduit le pénitentiaire dans le pénal -, puis la moralisation du temps ouvrier. Michel Foucault livre par sa critique de Hobbes une analyse de la guerre civile, qui n'est pas la guerre de tous contre tous mais une « matrice générale » permettant de comprendre le fonctionnement de la stratégie pénale dont la cible est moins le criminel que l'ennemi intérieur.
Édition établie sous la direction de François Ewald et Alessandro Fontana, par Bernard E. Harcourt, revue par Arianna Sforzini pour la présente édition. -
Qu'est-ce que la philosophie et quel est son rôle aujourd'hui ? Entre juillet et octobre 1966, quelques mois après la parution des Mots et les Choses, Michel Foucault, dans un manuscrit très soigneusement rédigé mais qu'il ne publiera pas, apporte sa réponse à cette question tant débattue.
À la différence de ceux qui, à l'époque, s'attachent à dévoiler l'essence de la philosophie ou à en prononcer la mort, Foucault l'appréhende, dans sa matérialité, comme un discours dont il convient de dégager l'économie eu égard aux autres discours (scientifique, fictif, ordinaire, religieux) qui circulent dans un contexte donné.
Le Discours philosophique propose ainsi une nouvelle manière de faire l'histoire de la philosophie, qui la décentre du commentaire des grands philosophes. Nietzsche y occupe toutefois une place particulière car il inaugure une conjoncture où la philosophie devient une entreprise de diagnostic du présent. Il revient en effet désormais à la philosophie de dire, à partir de l'« archive intégrale » d'une culture, ce qui en fait l'actualité.
Si L'Archéologie du savoir, consacré aux enjeux méthodologiques d'un tel projet, s'y annonce, nulle part autant que dans Le Discours philosophique Michel Foucault n'aura explicité les ambitions de son programme intellectuel. -
Le pouvoir psychiatrique : cours au collège de France (1973-1974)
Michel Foucault
- Points
- Points Essais
- 17 Mars 2023
- 9782757888186
L'Histoire de la folie à l'âge classique (1972) faisait l'archéologie du partage par lequel, dans nos sociétés, s'opère la séparation du fou et du non-fou. Le récit s'achève sur la médicalisation de la folie au XIXe siècle.
Le cours que Michel Foucault consacre en 1973-1974 au « pouvoir psychiatrique » poursuit cette histoire en dressant la généalogie de la psychiatrie. Il montre qu'on ne peut rendre compte du discours psychiatrique sur la folie qu'à partir des techniques de pouvoir qui organisent le traitement des fous dans la période qui va de Pinel à Charcot. La psychiatrie ne naît pas comme conséquence d'un progrès de la connaissance sur la folie, mais des dispositifs disciplinaires selon lesquels s'organise le régime imposé à la folie.
Le « pouvoir psychiatrique » s'inscrit ainsi dans le cadre de l'émergence du pouvoir disciplinaire. -
«Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d'avoir commencé à écrire, je n'aurais jamais le courage de l'entreprendre. Je ne l'écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser. [...] Je suis un expérimentateur en ce sens que j'écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu'auparavant.» Michel Foucault, 1978. Ces Dits et écrits, qui réunissent, parallèlement à ses grands livres, la totalité des textes publiés du vivant de Michel Foucault (1926-1984), constituent l'autobiographie intellectuelle de l'un des grands esprits du XX? siècle. On y découvre l'immensité de sa culture, la variété de ses préoccupations, une curiosité toujours en éveil, une liberté et une générosité de parole et d'engagement, qui permettent de mieux cerner le personnage et éclairent la lecture de ses ouvrages. Publiés dans l'ordre chronologique, ces conférences, préfaces, articles, essais et entretiens, croisés avec la biographie qui les précède, donnent la possibilité de suivre les cheminements de sa pensée, son perpétuel renouvellement.
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Archéologie : mot dangereux puisqu'il semble évoquer des traces tombées hors du temps et figées maintenant dans leur mutisme. En fait, il s'agit pour Michel Foucault de décrire des discours. Non point des livres (dans leur rapport à leur auteur), non point des théories (avec leurs structures et leur cohérence), mais ces ensembles à la fois familiers et énigmatiques qui, à travers le temps, se donnent comme la médecine, ou l'économie politique, ou la biologie. Ces unités forment autant de domaines autonomes, bien qu'ils ne soient pas indépendants, réglés, bien qu'ils soient en perpétuelle transformation, anonymes et sans sujet, bien qu'ils traversent tant d'oeuvres individuelles.
Et là où l'histoire des idées cherchait à déceler, en déchiffrant les textes, les mouvements secrets de la pensée, apparaît alors, dans sa spécificité, le niveau des «choses dites» : leur condition d'apparition, les formes de leur cumul et de leur enchaînement, les règles de leur transformation, les discontinuités qui les scandent. Le domaine des choses dites, c'est ce qu'on appelle l'archive ; l'archéologie est destinée à en faire l'analyse.
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«Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d'avoir commencé à écrire, je n'aurais jamais le courage de l'entreprendre. Je ne l'écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser. [...] Je suis un expérimentateur en ce sens que j'écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu'auparavant.» Michel Foucault, 1978. Ces Dits et écrits, qui réunissent, parallèlement à ses grands livres, la totalité des textes publiés du vivant de Michel Foucault (1926-1984), constituent l'autobiographie intellectuelle de l'un des grands esprits du XX? siècle. On y découvre l'immensité de sa culture, la variété de ses préoccupations, une curiosité toujours en éveil, une liberté et une générosité de parole et d'engagement, qui permettent de mieux cerner le personnage et éclairent la lecture de ses ouvrages. Publiés dans l'ordre chronologique, ces conférences, préfaces, articles, essais et entretiens, croisés avec la biographie qui les précède, donnent la possibilité de suivre les cheminements de sa pensée, son perpétuel renouvellement.
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Leçons sur la volonté de savoir ; cours au Collège de France, 1970-1971 ; le savoir d'OEdipe
Michel Foucault
- Points
- Points Essais
- 8 Avril 2021
- 9782757873106
Dans le premier cours qu'il a professé au Collège de France, en 1970-1971, Michel Foucault inaugure le projet d'une histoire de la vérité qu'il déploiera treize années durant. Il commence ici avec la Grèce ancienne, articulant figures de la vérité et institutions qui les autorisent, depuis l'invention de la monnaie jusqu'à la naissance des pratiques judiciaires de l'enquête. Convoquant les figures de Solon, oedipe, Aristote, il construit une véritable généalogie du discours philosophique et de la figure du sage, qui ne peuvent prétendre à la contemplation du vrai objective, universelle, éternelle qu'en occultant les luttes politiques et les partages économiques qui ont permis leur émergence. Au-delà de l'irénisme d'Aristote qui enracinait la volonté de vérité dans un pur désir de connaissance, Foucault approfondit la vision tragique de la vérité inaugurée par Nietzsche, dans un dialogue souterrain avec des sources plus contemporaines : Gilles Deleuze, Martin Heidegger, Marcel Detienne.
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Son oeuvre, entre philosophie, histoire et littérature, est difficile à situer. Les disciplines traditionnelles peinent à la contenir. Sa chaire au Collège de France s'intitulait «Histoire des systèmes de pensée». Lui-même ne cessa jamais de relire Kant, Nietzsche, Heidegger, mais il cite moins les classiques de la philosophie que d'obscurs traités, règlements ou manuels conservés dans des fonds d'archives, royaumes des historiens. Des historiens «professionnels» de son temps Foucault partage d'ailleurs l'ambition : ouvrir l'histoire à de nouveaux objets. Il reste que ce sont bien des problématiques philosophiques que renouvellent ses «histoires» (de la folie, de la sexualité), ses «archéologies» (des sciences humaines, du savoir), ses récits de «naissance» (de la clinique, de la prison). «Et j'ai beau dire que je ne suis pas un philosophe, si c'est tout de même de la vérité que je m'occupe, je suis malgré tout philosophe.» Philosophe «malgré tout», Foucault a inventé une nouvelle manière de faire de la philosophie. Il n'a pas apporté une pierre de plus à l'édifice compartimenté de la pensée : en en abattant les cloisons, il en a bouleversé l'architecture. Il a rendu les disciplines communicantes. Certains spécialistes n'ont pas manqué de le lui reprocher.
Et la littérature? Ses livres sont savants. Ils témoignent d'une érudition stupéfiante. Encore faut-il donner forme à l'informe de l'archive. Les citations, le maillage de références, la mise en scène d'épisodes historiques, tout, chez Foucault, est déplié, exposé dans une écriture tour à tour baroque et rigoureuse, austère et splendide, démesurée et classique. En bibliothèque, il se sent porté par les mots des autres. Leur intensité nourrit son écriture. «La lecture se prolonge, se renforce, se réactive par l'écriture, écriture qui est elle aussi un exercice, elle aussi un élément de méditation.» Le matériau des historiens et l'horizon tracé par les philosophes s'augmentent chez lui d'une exigence littéraire apprise auprès de Flaubert, Blanchot, Beckett. Le traiter de «styliste» serait réducteur. Foucault, qui se disait artisan, est un écrivain.
Outre un choix de textes brefs, articles, préfaces ou conférences, cette édition rassemble tous ses livres personnels. Leur influence est immense. Mais leur réunion ne vise pas à former une autobiographie intellectuelle. «Je ne veux pas de ce qui pourrait donner l'impression de rassembler ce que j'ai fait en une espèce d'unité qui me caractériserait et me justifierait.» Voyons plutôt en elle ce que Foucault disait d'Histoire de la folie en 1975 : «J'envisageais ce livre comme une espèce de souffle vraiment matériel, et je continue à le rêver comme ça, une espèce de souffle faisant éclater des portes et des fenêtres...»
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Index par Daniele Lorenzini et Arianna Sforzini
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Théories et institutions pénales ; cours au Collège de France, 1971-1972
Michel Foucault
- Points
- Points Essais
- 8 Avril 2021
- 9782757874714
À travers la relation minutieuse de la répression par Richelieu de la révolte des Nu-pieds (1639-1640), Foucault montre comment le dispositif de pouvoir élaboré à cette occasion par la monarchie rompt avec l'économie des institutions juridiques et judiciaires du Moyen Âge et ouvre sur un « appareil judiciaire d'État », un « système répressif » dont la fonction va se centrer sur l'enfermement de ceux qui défient son ordre.
Foucault étend ensuite son analyse à l'économie des institutions juridiques et judiciaires depuis le droit germanique jusqu'au seuil de la modernité. Ce cours développe sa théorie de la justice et du droit pénal.
Édition établie sous la direction de François Ewald et Alessandro Fontana, par Bernard E. Harcourt, Elisabetta Basso et Claude-Olivier Doron, et revue par Elisabetta Basso pour la présente édition.
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Peu après la publication de Surveiller et punir, Michel Foucault est amené à répondre à la question suivante : « Y a-t-il des "alternatives" à la prison ? » Foucault doute que l'imposition croissante de conditions restrictives en dehors de l'enceinte de la prison témoigne d'une rupture avec l'emprisonnement ; le progressisme pénal et le développement de techniques de surveillance sembleraient aller de pair.
Ainsi ne s'agit-il pas tellement d'inventer des « alternatives », mais plutôt de savoir si l'on souhaite diffuser ou faire décroître le contrôle social. La lecture rétrospective d'« Alternatives » à la prison, loin de tarir les questionnements sur l'actualité criminologique, suscite de nombreuses interrogations quant à l'extension d'une société policée. Des textes de Sylvain Lafleur, Toni Ferri et Anthony Amicelle viennent actualiser cette analyse.
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« La recherche ici entreprise implique donc le projet délibéré d'être à la fois historique et critique, dans la mesure où il s'agit, hors de toute intention prescriptive, de déterminer les conditions de possibilité de l'expérience médicale telle que l'époque moderne l'a connue. Une fois pour toutes, ce livre n'est pas écrit pour une médecine contre une autre, ou contre la médecine pour une absence de médecine. Ici comme ailleurs, il s'agit d'une étude qui essaie de dégager dans l'épaisseur du discours les conditions de son histoire. » (Michel Foucault) Naissance de la clinique constitue aussi, à travers une analyse historique et critique de la constitution du sujet, le malade, tel qu'il peut devenir objet de connaissance, la naissance d'une oeuvre philosophique qui va marquer durablement la pensée contemporaine internationale.
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L'Écho rochelais, 18 juillet 1860.
«Comme il n'est bruit, dans notre ville, que d'une métamorphose étrange, extraordinaire en physiologie médicale, nous allons en dire quelques mots, d'après des renseignements pris à bonne source.
Une jeune fille, âgée de vingt et un ans, institutrice aussi remarquable par les sentiments élevés du coeur que par une instruction solide, avait vécu, pieuse et modeste, jusqu'à ce jour, dans l'ignorance d'elle- même, c'est-à-dire dans la croyance d'être ce qu'elle paraissait dans l'opinion de tous, bien qu'il y ait eu, pour gens d'expérience, des particularités organiques qui eussent dû faire naître l'étonnement, puis le doute, et, par le doute, la lumière ; mais l'éducation chrétienne de la jeune fille était l'innocent bandeau qui lui voilait la vérité.
Enfin, tout récemment, une circonstance fortuite est venue jeter un certain doute dans son esprit ; appel a été fait à la science, et une erreur de sexe a été reconnue... La jeune fille était tout simplement un jeune homme.»
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Histoire de la sexualité Tome 4 ; les aveux de la chair
Michel Foucault
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 8 Février 2018
- 9782072700347
Les aveux de la chair, qui paraît aujourd'hui comme le quatrième et dernier volume de L'histoire de la sexualité, est en réalité le premier auquel Michel Foucault s'était consacré après La volonté de savoir (1976) qui constituait l'introduction générale de l'entreprise. Il s'attachait aux règles et doctrines du christianisme élaborées du Ile au IVe siècles par les Pères de l'Église.
Au cours de son travail, Michel Foucault s'était persuadé que l'essentiel de ces règles et doctrines était un héritage remanié des disciplines de soi élaborées par les philosophes grecs et latins de l'Antiquité classique et tardive. Cest à leur analyse qu'il s'est courageusement appliqué, pour aboutir en 1984 à la publication simultanée de L'usage des plaisirs et du Souci de soi.
L'ouvrage est donc un premier jet auquel Foucault comptait se remettre au moment de sa mort. La réunion des quatre volumes de Dits et Écrits (1954-1988) publiés en 1994, puis celle des treize volumes des Cours au Collège de France en ont retardé l'édition et la mise au point dont s'est chargé Frédéric Gros, l'éditeur des oeuvres de Michel Foucault dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Tel quel, cet ouvrage constitue un état très élaboré de la pensée de l'auteur et peut-être le coeur même de l'entreprise, la partie à laquelle il attachait assez d'importance pour se lancer dans l'aventure.
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Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère... un cas de parricide au XIX siècle
Michel Foucault
- Folio
- Folio Histoire
- 25 Janvier 1994
- 9782070328284
Michel Foucault voulait avec son séminaire du Collège de France étudier les rapports entre psychiatrie et justice pénale au XIX? siècle. Chemin faisant, il a rencontré l'affaire Rivière : dans un village de Normandie, en 1835, un adolescent massacre froidement sa mère enceinte, son frère et sa soeur. De quoi s'agit-il ? Aux rapports des psychiatres, à toutes les pièces judiciaires, s'ajoute ici un stupéfiant et admirable Mémoire rédigé par le jeune accusé qui prétendait savoir à peine lire et écrire. Parricide apparemment banal, mais ensemble unique de textes qui, à eux tous, «forment une lutte singulière, un affrontement, un rapport de pouvoir, une bataille de discours» dont déchiffre ici la signification, pour nous, l'auteur de l'Histoire de la folie.
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L'ordre du discours - lecon inaugurale au college de france prononcee le 2 decembre 1970
Michel Foucault
- Gallimard
- 24 Février 1971
- 9782070277742
L'ordre du discours est la leçon inaugurale de Michel Foucault au Collège de France, prononcée le 2 décembre 1970.