Vie pratique & Loisirs
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Dictionnaire amoureux : de la mer
Yann Queffélec
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 31 Mai 2018
- 9782259243353
"Ce livre dit la mer, il dit l'aimer, l'avoir toujours aimée : il ne dit pas toute la mer, vaine ambition d'un fou. Même la grenouille y regarderait à deux fois. Ce livre dit le vieil homme et la mer, la femme et la mer, une lutte contre soi, contre ses rêves, une quête à la vie à la mort de l'horizon ni près ni loin, une osmose avec les éléments dont l'être humain fait partie - s'il n'est ici-bas le maître du jeu. Ce livre dit la mer et les marins, les écrivains, les travailleurs du grand métier, les artistes charmés, charmeurs, les damnés du poisson. Il dialogue avec l'univers par-dessus les jours et les flots. C'est un coquillage où l'on entend, j'espère, battre le pouls du verbe aimer. Ce livre raconte une histoire océanique, la mienne, il ne prétend jamais connaître la mer ni la réduire à ses cadenas, ses tics, l'exhiber à travers les mots comme une bestiole de foire. J'aime la mer et je m'en souviens, j'y vais, je vous emmène avec moi. J'en suis natif comme tous les êtres vivants de terre et d'eau, je vous fais part de cet amour plus vaste que ma voix, plus humble que mes songes.
Un voyage, oui, autour du monde intérieur que je m'efforce d'encercler quand je prends la mer ou mon stylo. Quand je perds la raison à la barre d'un voilier qui ne réagit plus au vérin du « pilote », et perd la raison lui aussi. Quand une île heureuse vient à moi, donnée comme un livre de vie. Quand c'est crado, les ports, les grèves, les abysses, les gens du fric, quand elle gâche tout, la pollution, quand il étouffe, le corail d'Australie, des Antilles - ou qu'il renaît, squelette radieux. Quand il n'y a plus rien à dire tellement c'est beau, la mer, infiniment beau, et que l'on n'est pas seul au bord de cet infini. Aimer la mer, c'est au minimum être deux, être tous. Aimer la mer c'est « être » - c'est vivre."
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« Ce livre dit la mer, il dit l'aimer, l'avoir toujours aimée. Il parle de mon lien viscéral avec l'océan, les gens de mer, les îles, de cette liberté que l'horizon marin procure aux sens comblés.
Il parle des écrivains - Victor Hugo, Joseph Conrad, John Steinbeck, Simon Leys, Jonathan Raban ou Stevenson, etc. De mes amis les artistes charmés, charmeurs, et bien sûr des grands voileux qui font rêver les Terriens, dont l'as des as est Éric Tabarly.
J'aurais bien voulu vous épargner ce mal de la mer appelé tour à tour CO2, réchauffement, dégazage ou pollution... Mais comment rester muet quand c'est la mer qu'on assassine, le vieil homme et la mer ? Quand c'est la Nature, le corail des Antilles ou d'Australie, l'albatros, le vent ?
C'est tellement beau, l'Océan, l'Homme, il n'y a pas un mot qui tienne au bord de cet infini. »
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Éric Tabarly ne fut pas seulement l'un des plus grands marins français du XXe siècle, accumulant les victoires avec son bateau fétiche, le Pen Duick. Il forma aussi toute une génération de skippers comme Alain Colas, Philippe Poupon, Titouan Lamazou, Olivier de Kersauson... Il eut entre autre un équipier de treize ans, un certain Yann Queffélec, qui revisite la légende du navigateur.
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Éric Tabarly (1931-1998), l'un des plus grands marins français du XXe siècle, influença et forma toute une génération de skippers - il eut à son bord des équipiers nommés Alain Colas, Philippe Poupon, Titouan Lamazou, Marc Pajot, Olivier de Kersauzon...
En 1952, Tabarly s'engage dans la Marine nationale pour financer la restauration du voilier familial Pen Duick (signifiant tête noire, soit mésange en breton), dont son père Guy a fait l'acquisition en 1938. À partir de 1962, " le Sphinx de Bénodet " se consacre à la régate et à la course au large, remportant nombre de courses, à commencer par l'édition 1964 de la Transat anglaise en solitaire, à bord de Pen duick II, construit spécialement pour l'occasion. Suivront quatre autres Pen Duick, des records et des victoires de prestige, telles la Fastnet, Sydney-Hobart, la Transpacifique...
Dix ans après la disparition en mer de " Pépé ", dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, Yann Queffélec célèbre l'homme tout autant que le marin. Celui qui fut son équipier à 13 ans puise dans sa mémoire et fait aussi appel à la mémoire collective, revisitant le mythe et la légende. Plus qu'une biographie, ce récit est aussi une ode à la Bretagne, si chère à Tabarly, à la mer, son élément, et aux marins, ses frères d'arme.
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