Les manuscrits mis au jour en 2021 ont confirmé l'importance aux yeux de Céline de sa «légende gaélique... mi-rime mi-prose», récit de la guerre menée par le Roi Krogold contre le prince félon Gwendor, du meurtre du procureur Morvan par le trouvère Thibaut et de la passion de Joad pour la belle Wanda - et dont les épisodes principaux se déroulent entre Bretagne et Scandinavie, dans un décor de «Moyen Âge d'opéra».L'écrivain, faute d'avoir pu la publier, en inséra le récit fragmenté et parfois halluciné dans Mort à crédit (1936), ainsi que dans Guerre et dans Londres. Mais il continua ensuite d'y travailler, sans toutefois parvenir à y mettre un point final. Céline restera dépité du peu de considération dans laquelle on tenait sa manière «épique et bardique», laquelle avait donné lieu à cette mythologie portative, «lyrique et ironique», qui ne renfermait pas moins de sens à ses yeux que ses écrits d'inspiration romanesque.Car ces histoires hautes en couleur sont écrites pour frapper les esprits et toucher les coeurs ; elles accompagnent la méditation de l'écrivain sur l'existence et la mort, le corps et l'âme, ainsi que sur les pouvoirs ambigus du poète à l'égard de la finitude humaine.La présente édition réunit les deux seules versions connues à ce jour de la légende, inédites et inégalement inachevées : l'une datant de la première moitié des années 1930, La Légende du Roi René ; l'autre, La Volonté du Roi Krogold, écrite en 1939 et 1940.
Un roman foisonnant où Céline raconte son enfance et sa jeunesse : «C'est sur ce quai-là, au 18, que mes bons parents firent de bien tristes affaires pendant l'hiver 92, ça nous remet loin.C'était un magasin de Modes, fleurs et plumes. Y avait en tout comme modèles que trois chapeaux, dans une seule vitrine, on me l'a souvent raconté. La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C'est moi le printemps.»
Ferdinand, le héros de Guerre, a quitté la France pour rejoindre Londres, «où viennent fatalement un jour donné se dissimuler toutes les haines et tous les accents drôles». Il y retrouve son amie prostituée Angèle, désormais en ménage avec le major anglais Purcell. Ferdinand prend domicile dans une mansarde de Leicester Pension, où le dénommé Cantaloup, un maquereau de Montpellier, organise un intense trafic sexuel de filles, avec quelques autres personnages hauts en couleur, dont un policier, Bijou, et un ancien poseur de bombes, Borokrom. Proxénétisme, alcoolisme, trafic de poudre, violences et irrégularités en tout genre rendent chaque jour plus suspecte cette troupe de sursitaires déjantés, hantés par l'idée d'être envoyés ou renvoyés au front.S'il entretient des liens avec Guignol's band, l'autre roman anglais plus tardif de Céline, Londres, établi depuis le manuscrit récemment retrouvé, s'impose avec puissance comme le grand récit d'une double vocation : celle de la médecine et de l'écriture... Ou comment se tenir au plus près de la vérité des hommes, plongé dans cette farce outrancière et mensongère qu'est la vie.
En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte «mutilé» et il déplorait «la perte du reste». Sans doute espérait-il que ce «reste» sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient.Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des «avant-textes» de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants.Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le «cycle de Ferdinand» n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe.Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie.Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,
En 1932, avec le Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline s'imposait d'emblée comme un des grands novateurs de notre temps. Le Voyage était traduit dans le monde entier et de nombreux écrivains ont reconnu ce qu'ils devaient à Céline, de Henry Miller à Marcel Aymé, de Sartre à Jacques Perret, de Simenon à Félicien Marceau. D'un château l'autre pourrait s'intituler «le bout de la nuit». Les châteaux dont parle Céline sont en effet douloureux, agités de spectres qui se nomment la Guerre, la Haine, la Misère. Céline s'y montre trois fois châtelain : à Sigmaringen en compagnie du maréchal Pétain et de ses ministres ; au Danemark où il demeure dix-huit mois dans un cachot, puis quelques années dans une ferme délabrée ; enfin à Meudon où sa clientèle de médecin se réduit à quelques pauvres, aussi miséreux que lui. Il s'agit pourtant d'un roman autant que d'une confession, car Céline n'est pas fait pour l'objectivité. Avec un comique somptueux, il décrit les Allemands affolés, l'Europe entière leur retombant sur la tête, les ministres de Vichy sans ministère, et le Maréchal à la veille de la Haute Cour. D'un château l'autre doit être considéré au même titre que le Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit comme un des grands livres de Céline auqel il donna du reste une suite avec Nord (1960) et Rigodon (1969).
En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte «mutilé» et il déplorait «la perte du reste». Sans doute espérait-il que ce «reste» sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient.Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des «avant-textes» de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants.Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le «cycle de Ferdinand» n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe.Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie.Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,
En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte «mutilé» et il déplorait «la perte du reste». Sans doute espérait-il que ce «reste» sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient.Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des «avant-textes» de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants.Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le «cycle de Ferdinand» n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe.Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie.Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,
En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte «mutilé» et il déplorait «la perte du reste». Sans doute espérait-il que ce «reste» sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient.Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des «avant-textes» de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants.Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le «cycle de Ferdinand» n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe.Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie.Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,
Céline au milieu de l'Allemagne en flammes. Avec ses compagnons d'infortune, - sa femme Lili, l'acteur Le Vigan, et le chat Bébert -, le voici à Baden-Baden dans un étrange palace où le caviar, la bouillabaisse et le champagne comptent plus que les bombardements, puis dans Berlin en ruines, et enfin à Zornhof dans une immense propriété régie par un fou. C'est une gigantesque tragédie-bouffe, aux dimensions d'un pays qui s'effondre, vécue par celui qui se nomme lui-même «le clochard vieillard dans la merde».
Coffret de deux volumes vendus ensemble
« On est parti dans la vie avec les conseils des parents. Ils n'ont pas tenu devant l'existence. On est tombé dans les salades qu'étaient plus affreuses l'une que l'autre. On est sorti comme on a pu de ces conflagrations funestes, plutôt de traviole, tout crabe baveux, à reculons, pattes en moins. On s'est bien marré quelques fois, faut être juste, même avec la merde, mais toujours en proie d'inquiétudes que les vacheries recommenceraient... Et toujours elles ont recommencé... Rappelons-nous ! »
Coffret de deux volumes vendus ensemble, contenant des réimpressions récentes de ces titres
«Tout ce qui se fait ici me paraît bien inutile, les décès se succèdent avec simplicité. On continue à opérer, cependant, sans chercher à savoir vraiment pourquoi tel malade succombe plutôt qu'un autre dans des cas identiques.»Cet ouvrage surprenant retrace la vie et les recherches d'Horace Semmelweis, un médecin hongrois du XIX? siècle qui découvrit l'existence des microbes cinquante ans avant Pasteur. Son seul objectif : réussir à imposer de vraies mesures d'hygiène aux médecins de l'époque (un simple lavage des mains entre deux patients suffirait à éviter les infections et sauver des vies). Mais Semmelweis est marginalisé : le milieu médical rejette ses idées en bloc, révélant ainsi l'archaïsme de toute la société.Semmelweis est la thèse de doctorat que soutient Louis Ferdinand Destouches en 1924. Remaniée et republiée en 1936, elle est considérée comme la première oeuvre littéraire de celui qui deviendra Céline.
«S'il n'y a pas de roman sans style, si son pouvoir est de nous montrer le monde transformé par un imaginaire, et s'il acquiert une force supplémentaire quand il parvient à saisir l'histoire de son époque, alors l'oeuvre romanesque de Céline (1894-1961) est une des grandes oeuvres de son temps, quoi qu'il y ait d'autre part à reprocher à son auteur. En elle, le pouvoir du style se trouve multiplié par le choix initial d'une langue populaire qui avant lui était depuis trois siècles au ban de la littérature ; il s'y déploie un imaginaire si personnel qu'il se reconnaît dans le moindre fragment, et l'histoire la traverse si bien de part en part que les deux ensembles formés par ses huit romans ont chacun pour centre une des deux guerres qui en Europe ont marqué ce siècle.» Henri Godard.
«Cette édition est la première qui réunisse en un seul volume et sous le même titre, conformément à l'intention initiale de Céline, les deux parties de Féerie pour une autre fois. Depuis leur édition originale, respectivement en 1952 et 1954, et jusqu'à la publication, en 1993, du tome IV des Romans de Céline dans la Bibliothèque de la Pléiade qui les contient, elles avaient été éditées à part, la seconde, qui plus est, sous le titre de Normance, alors que c'est aux épisodes qu'elle raconte que le titre Féerie pour une autre fois avait été plus spécialement destiné. Céline, tandis qu'il y travaillait, pensait à ce roman comme à un second Voyage au bout de la nuit, de nature, vingt ans après, à étonner le public autant que le roman de 1932, et ouvrant comme lui des voies nouvelles qu'il pourrait ensuite explorer. Il n'est pas dit que, son oeuvre romanesque désormais considérée et appréciée dans sa totalité, Féerie pour une autre fois n'y trouve pas cette place qu'il lui avait assignée.» Henri Godard.
Choix de lettres de Céline et de quelques correspondants (1907-1961)
«La vérité, là, tout simplement, la librairie souffre d'une très grave crise de mévente. Allez pas croire un seul zéro de tous ces prétendus tirages à 100 000 ! 40 000 !... et même 400 exemplaires !... attrape-gogos ! Alas !... Alas !... seule la presse du coeur... et encore !... se défend pas trop mal... et un peu la série noire... et la blême... En vérité, on ne vend plus rien... c'est grave ! le Cinéma, la télévision, les articles de ménage, le scooter, l'auto à 2, 4, 6 chevaux, font un tort énorme au livre... tout vente à tempérament, vous pensez ! et les week-ends !... et les Croisières Lololulu !... salut, petits budgets !... voyez dettes !... plus un fifrelin disponible !... alors n'est-ce pas, acheter un livre !...»
Ces trois romans qui n'en font presque qu'un seul peuvent à plus d'un titre être tenus pour une oeuvre importante. En choisissant d'évoquer à sa manière ce qu'il avait vu et ce qu'il avait vécu dans l'Allemagne de 1944-1945, nul doute que Céline n'ait été conscient d'être l'un des seuls que sa sensibilité, son imagination et son style mettaient à même de donner une existence littéraire à cette apocalypse.
Le tournant de la guerre de 39-45 avait fait de Céline un paria ; la victoire le jette en prison. C'est dans une cellule, au Danemark, que se dessine la première esquisse de Féerie pour une autre fois, qui contient en germe toute la suite de l'oeuvre, et que l'on donne ici après le texte publié avec d'autres inédits. Pour Céline, l'enjeu est de taille : il faut «crever une deuxième fois le plafond» (ce qui, dans ces années-là, signifie abattre un véritable mur de réprobation), et exiger du lecteur, grâce à un style d'une hardiesse inouïe, une compréhension qui peut-être tournera à la complicité. Ce qui s'élève alors, c'est la voix de la détresse humaine. Comme un agonisant qui ne cesserait de se débattre, le Ferdinand de Féerie I passe en revue ses souvenirs et s'efforce d'écouter les bruits du passé, bientôt couverts par le fracas de l'histoire : Féerie II, le roman du bombardement, dit la terreur d'un univers bouleversé par la violence des hommes, à laquelle il n'est qu'une réponse possible, l'injure. Le nouveau visage du monde s'accorde étrangement à l'écriture de Céline. Jamais l'humanité n'était allée aussi loin dans l'invention de nouvelles formes de mort ; jamais Céline n'ira plus avant dans la contestation du langage écrit.
Les deux romans réunis dans ce volume ont été écrits dans la période où Céline est livré à ses pires furies, où la figure trouble du pamphlétaire antisémite prend le pas, auprès du public, sur l'image de romancier novateur qu'avaient imposée Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. Casse-pipe et Guignol's band forment pourtant la partie la moins sombre de l'oeuvre de Céline ; ils sont le lieu où le ressentiment et la provocation le cèdent au rire et à des thèmes «positifs». Au vrai, les écritures polémique et romanesque sont en partie concomitantes : Céline suspend en effet la rédaction de Casse-pipe afin d'entreprendre celle des pamphlets ; mais, de 1940 à 1944, il écrit Guignol's band en ne s'interrompant que de temps à autre pour donner à la presse de courts textes polémiques. On peut ainsi parfois lire, sur un même feuillet manuscrit, le brouillon d'un article, au recto, l'esquisse d'un passage du roman en cours, au verso. Simultanéité des rédactions ; écart considérable des tonalités : la question du rapport qu'entretiennent les deux séries d'oeuvres est ici éclairée d'un jour nouveau. Mort à crédit rendait compte des impressions liées à l'enfance ; Casse-pipe devait initialement décrire l'ensemble de l'expérience militaire ; Guignol's band est le roman de Londres : ce triptyque, le «cycle de Ferdinand», a été conçu en 1934. Sa gestation fut difficile, sa rédaction chaotique, sa publication en partie posthume. Là gît l'un des apports essentiels de cette édition : Guignol's band II ne vit le jour qu'en 1964, sous le titre Le Pont de Londres et dans une version tirée d'un état provisoire du texte, état jugé sévèrement par Céline lui-même. Ce volume procure, pour la première fois, le dernier état du texte revu par son auteur, en près de 200 pages qui sont la transcription inédite de la dernière mise au point réalisée à Copenhague en 1945-1946. En appendice figurent des documents, eux-mêmes parfois inédits, qui donnent une idée de ce que devait être la suite, jamais achevée, du roman. Avec l'appareil critique, ces documents renouvellent notre connaissance de l'oeuvre ; ils contribuent à celle que nous avons de son auteur.
Quand Céline rencontre les dieux et revisite la mythologie, quand il met en scène son imaginaire, on assiste à un spectacle total où l'amour, la jalousie, les sons et les lumières se mêlent en une sarabande extravagante d'invention et de drôlerie. Et Céline n'est jamais loin de la scène. Ne serait-ce pas lui-même qui parle ainsi du dieu Mars : «En musique formidable, il rémoule, rémoule... Je vous roule tous dans la farine ! Voilà son invective finale.»
on ne présente plus le fameux texte de céline a l'agité du bocal sur " jean-baptiste sartre ", réponse acerbe à l'article sartrien " portrait d'un antisémite " paru dans les temps modernes en 1945.
les textes qui suivent proviennent de différentes périodes : " les carnets du cuirassé destouches ", rédigés en 1914, révèlent un céline mélancolique mais déjà sûr de lui : " en un mot, je suis orgueilleux, est-ce un défaut, je ne le crois et il me créera des déboires ou peut-être la réussite " ; " 31, cité d'antin ", préface inédite rédigée en 1930 pour introduire les esquisses des peintures décoratives d'un hôtel par henri mahé ; " bezons à travers les âges ", préface du livre historique d'albert sérouille sur la ville de bezons paru en 1944, et qui fut versé dans son dossier " collaboration " ; " l'argot est né de la haine, il n'existe plus ", texte court publié en 1957 sur la véritable origine de l'argot : la misère ; " des pays où personne ne va jamais ", interview de 1960 où céline parle de sa jeunesse, de sa vie, de son désir de se retirer dans une région où " personne ne va jamais ".
Céline est arrivé au Danemark en mars 1945 après un périple de neuf mois de Paris à Copenhague, en passant par Baden-Baden, Berlin et Sigmaringen. Il est arrêté au domicile d'une amie où il vit avec Lucette et son chat Bébert, et où il travaille à la suite de Guignol's band (inachevée), en décembre 1945. Il est incarcéré à la prison de l'ouest de Copenhague, en attente d'une extradition qu'il veut éviter à tous prix. L'administration pénitentiaire fournit au détenu Destouches des cahiers ; il en remplira dix à partir de février 1946, une fois Lucette libérée et lui-même sorti d'un état moral et physique déplorable (cf. biographie de François Gibault).
Les Cahiers de prison dévoilent la vie de Céline après son arrivée à Copenhague. Si le détenu de la cellule 609 de la section K. prend des notes pour préparer sa défense, se souvient de Londres ou de Montmartre, ces cahiers montrent de manière inédite le Céline lecteur. L'écrivain se réfugie dans les livres apportés par Lucette et cite abondamment Chateaubriand, Hugo, Chamfort, Voltaire, etc., et se compare avec les « grands écrivains exilés emprisonnés ». Les cahiers illustrent aussi la transition littéraire vers sa « seconde révolution narrative et stylistique », note Jean-Paul Louis, avec la mise en chantier de Féérie pour une autre fois (1952) et des passages que l'on retrouvera dans D'un château l'autre, Nord et Rigodon.
Ce volume des Cahiers de la NRF constitue la première édition originale et intégrale des dix cahiers de prison de Céline. Avec ce nouveau travail d'établissement du texte et des notes par Jean-Paul Louis, ainsi qu'un index centré sur les noms d'auteurs, les titres d'oeuvres et de chansons, Céline nous réapparait tel qu'en lui-même, obsédé par la littérature et sa condition d'écrivain : « C'est moi maintenant le traître, le monstre, c'est moi qu'on s'apprête à lyncher. » Édition présentée et annotée par Jean-Paul Louis.
Seule oeuvre théâtrale écrite et publiée par Céline, L'Église constitue en quelque sorte une répétition générale du Voyage au bout de la nuit. L'Église, bien que publiée en 1933, un an après le Voyage, avait été écrite en 1926. Et déjà le protagoniste s'appelle le docteur Bardamu. Dans L'Église, le ton, bien que nouveau, n'a pas encore la force torrentielle que l'on connaît. La langue classique se heurte encore au parler populaire qui s'épanouit en quelques monologues très céliniens. L'action se déroule en Afrique, dans une petite résidence française, puis aux États-Unis dans les coulisses d'un music-hall new-yorkais, ensuite à Genève au siège de la Société des Nations et enfin dans la banlieue parisienne, dans un bistrot transformé en clinique au dernier acte. Les thèmes céliniens apparaissent au hasard des situations : le mépris des coloniaux ambitieux et médiocres, l'impuissance de l'homme devant la souffrance et la mort, le besoin de beauté et d'harmonie, l'amour des gens simples et des enfants. Ferdinand Bardamu apparaît comme un être vaincu d'avance par la fatalité et le cynisme général, essayant de survivre dans l'ombre. Comme le dit un des personnages : «Bardamu est un garçon sans importance collective. C'est tout juste un individu.» Sartre mettra cette phrase en épigraphe à La Nausée. Le grand intérêt que suscite L'Église est d'être une des toutes premières oeuvres de Céline et de contenir en germe les éléments qui permettront de situer son auteur à côté de Faulkner et de Joyce.