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L'Arbre Vengeur
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Quarante nouvelles noires brillantes : Jehanne Jean-Charles y surprend son monde en déployant un univers horrifique et inquiétant sans équivalent dans la littérature française d'après-guerre. C'est Jean-Jacques Pauvert qui la découvrit (elle porte le n° 1 de sa collection) en 1962, épaté par sa "main sûre et perverse". Dans Le Monde, on s'étonnait : "Comment fait-elle la diablesse qui nous mène et nous malmène ainsi, tambour battant, pour nous laisser ravis d'avoir été roulés, et marqués d'une forte empreinte?" Morbide sans excès, troublante avec malice, jouant avec nos nerfs fragiles, aimant les fantômes faussement innocents, l'autrice qui maîtrise l'art de la chute (et de la douche froide) fait montre d'un rare talent dans le domaine du fantastique français. Mais qui s'en souvient ?
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Rue des vivants
Suzanne Martin
- Éditions de l'Arbre vengeur
- Inconnues
- 13 Septembre 2024
- 9782379414022
La rue des Vivants serpente dans un quartier pauvre de la grande ville, à quelques encablures du port qui emploie - mais les temps sont durs - des dockers rudes au mal et souvent ravagés par l'alcool.
La petite Sabine évolue dans ce monde où le mot misère est trop précieux pour être utilisé et où il s'agit chaque jour de se débrouiller pour manger et s'habiller. Quand sa mère ne l'envoie pas à la recherche du père ivre dans un bistro ou réclamer du crédit à des marchands sans scrupules, elle s'évade et s'invente des histoires au bord du fleuve impassible, rêvant une vie qu'illuminent quelques rares éclats de lumière au milieu du gris des usines.
Lorsque Suzanne Martin, qui a grandi dans cet univers, entre débrouille et humiliations, devenant artiste peintre loin des siens, a proposé ce premier livre à Gallimard, c'est l'optimisme rayonnant de cette enfance pauvre sublimée par une langue inventive qui a suscité l'enthousiasme des éditeurs. Roman cruel et fort, il est parvenu, plusieurs décennies après, à garder intacte sa beauté inquiète.
Sabine revient enfin hanter, plus vivante que jamais, la rue de son enfance courageuse.
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Josette Clotis a conçu une sorte de roman d'initiation, le récit d'une mort, celle d'un premier amour, avec ses aléas, et qu'il faut franchir pour grandir. Comme s'il fallait sacrifier quelque chose pour qu'advienne ce qu'on souhaite. Ce très beau roman, sensible, nous fait suivre le parcours amoureux d'une jeune femme obligée de renoncer à sa naïveté pour se révéler. Nimbé de poésie, d'une grande fraîcheur, une douce mélancolie, une subtile inquiétude, il se penche sur les remous d'une jeune conscience agitée par des sentiments inconnus. Sa vie nous est révélée à partir de menues observations émouvantes, de monologues intérieurs qui saisissent la couleur existentielle des choses.
Complètement oubliée, cette romancière mérite assurément le détour et le retour avec ce trésor de finesse. -
Quelques jours de la vie d'une femme sur le point d'accoucher à l'Hôtel-Dieu de Paris au milieu des misérables, des abandonnées, des nécessiteuses de toutes nationalités qui n'ont droit qu'à un numéro et à la vague compassion de bourgeoises venues faire leur bonne action. Confidences ou vacheries, petitesses et héroïsme invisible, ce sont les échos d'une souffrance morale et physique que raconte, dans une langue vive et en colère, une anonyme qui a eu droit à un lit supplémentaire et un bis comme matricule en attendant la délivrance. Instruite, lucide et vigilante, elle sait de quel système politique et de quels enjeux économiques participe le culte de la maternité en régime capitaliste.
Poignant, scandaleux, impitoyable, ce livre est un cri qui ne cède rien et nous touche encore.
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