La maison de la rue Santo Domingo à Santiago du Chili, cachée derrière ses trois citronniers, a accueilli plusieurs générations de la famille des Lonsonier. Arrivé des coteaux du Jura avec un pied de vigne dans une poche et quelques francs dans l'autre, le patriarche y a pris racine à la fin du XIXe siècle. Son fils Lazare, de retour de l'enfer des tranchées, l'habitera avec son épouse Thérèse, et construira dans leur jardin la plus belle des volières andines. C'est là que naîtront les rêves d'envol de leur fille Margot, pionnière de l'aviation, et qu'elle s'unira à un étrange soldat surgi du passé pour donner naissance à Ilario Da, le révolutionnaire.
Classique de la littérature américaine, ce texte bouleversant raconte l'enfance de Norman Maclean dans les Rocheuses, au sein de paysages magnifiques dont chaque relief transforme en profondeur les êtres qui y vivent. La famille et la nature apparaissent comme des piliers originels de Norman et Paul, le frère adoré, pêcheur hors pair, irrésistible mauvais garçon. Un dialogue silencieux s'instaure avec les rivières et les montagnes, qui apprennent plus que les mots eux-mêmes. Avec un talent et une poésie exceptionnels, Maclean capture la lumière bénie des jours disparus. Adapté au cinéma par Robert Redford (sorti en France en 1993), ce récit iconique a marqué plusieurs générations d'écrivains et de lecteurs dans le monde entier.
Dans un univers sombre et magnétique, où les époques et les lieux se superposent jusqu'au vertige, Gabriel, Damien ou Natasha se débattent avec de vieilles peurs héritées de l'enfance et leurs pulsions les plus inavouables.
Jérémy Fel entraîne ici son lecteur dans un imaginaire éblouissant, où cruauté et trahison règnent en maître. Comme dans un palais des glaces, les destins se répondent et se reflètent, créant un monde où visible et invisible, réel et fiction, se confondent.
Le nom de Virginia Woolf est indissociable du quartier de Bloomsbury. Mais ses promenades dans Londres dépassaient de loin ce cadre étroit. On se souvient des rues bruyantes parcourues par Clarissa Dalloway pour aller chercher - elle-même - ses fleurs, et des cloches de Big Ben que l'on entend, de près ou de loin, sonner les heures, de Westminster à Bond Street. On trouvera ici réunis tous les écrits que Woolf consacra à sa ville de Londres.
Dans un avenir proche et désolant, la crise environnementale a ravagé l'Angleterre. Un régime autoritaire organise le rationnement de la population dans des villes exsangues, et le droit à la reproduction est rigoureusement contrôlé. Une jeune fille nommée Sister raconte son évasion et sa quête pour rejoindre une ferme utopique dans la région des Grands lacs : l'armée de Carhullan, une bande de rebelles ayant renoué avec une vie rurale et coupé tout lien avec les hommes.
Dans la lignée de «La Servante écarlate» de Margaret Atwood, Sarah Hall aborde avec une remarquable originalité les questions d'écologie, de genre et de défense des libertés individuelles, et propose une vision décapante du pire des mondes à venir. Une contre-utopie féministe exaltante.
Avec une énergie joyeuse et tenace, Barbara Kingsolver raconte sa propre conversion écologique : de l'Arizona aux Appalaches et de la junk-food à l'autonomie alimentaire.
Plein d'élan, d'enthousiasme mais aussi de lucidité et de colère, ce livre initialement publié en 2007 est le récit d'un passage à l'acte. Il raconte, au quotidien, avec une humilité sincère, souvent émerveillée, l'apprentissage de l'essentiel : le respect de la nature et des saisons, l'inscription de l'humain dans un paysage habité avec les animaux.
Entre manifeste, partage d'expérience et guide pratique, c'est l'histoire d'une écrivaine majeure qui, en harmonie avec sa famille, met sa vie en conformité avec ses convictions.
Un roman envoûtant et sensuel. Le tableau émouvant d'un pays dont les richesses sont autant de mirages et de maléfices. Dans un village des Caraïbes, la légende d'un trésor disparu vient bouleverser l'existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l'ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l'héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d'autres horizons.
Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d'acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l'espoir et l'humanité au milieu de la désolation. Finaliste du National Book Award aux Etats-Unis, ce roman fera date dans l'histoire de la littérature d'anticipation. 500 000 exemplaires vendus en Amérique du Nord, 150 000 dans les îles Britanniques. « Profondément mélancolique, mais magnifiquement écrit, et merveilleusement élégiaque. » George R. R. Martin « Mandel est capable de faire ressentir l'intense émotion d'existences fauchées par une époque terrible. » «The New York Times»
La vie du jeune Juan José bascule le jour où il est enrôlé de force comme matelot sur le vraquier du capitaine Moustache. Ce navigateur chevronné, bilieux et solitaire, est l'instigateur d'une terrible machination dont le mousse pourrait bien devenir l'un des rouages... Car au large du Chili, sur une île battue par les vents, se trouve le guano, une ressource qui a fait la richesse de toute la région et attise encore bien des convoitises... Nombreux sont ceux qui, dans ce paradis perdu, sacrifieront leurs idéaux et leurs proches pour transformer la fiente en or et infléchir le cours de leur destin.
Dans ce roman d'aventures pittoresque et inquiétant, Édouard Jousselin explore avec maestria les contradictions de l'âme humaine.
Detroit : le vacarme des usines, le son Motown sur lequel on chaloupe, les choeurs d'une communauté que l'on sacrifie sur l'autel du capitalisme... C'est aux bruits de cette ville que Judith Perrignon offre un écho dans ce roman choral fort et bouleversant.
Un souffle parcourt les prairies du Far-West, aux abords d'une ville naissante vers laquelle toutes les pistes convergent. C'est celui d'Eau-qui-court-sur-la plaine, une Indienne dont tout le clan a été décimé, et qui, depuis, exerce ses talents de guérisseuse au gré de ses déplacements. Elle rencontrera les frères Brad et Jeff traversant les grands espaces avec leur vieille mère mourante dans un chariot brinquebalant tiré par deux boeufs opiniâtres ; Xiao Niù qui comprend le chant du coyote; Elie poursuivi par Bird Boisverd ; Arcadia Craig, la contrebassiste. Et tant d'autres, dont les destins singuliers se dévident en une fresque sauvage où le mythe de l'Ouest américain, revisité avec audace et brio, s'offre comme un espace de partage encore poreux, ouvert à tous les trafics, à tous les transits, à toutes les itinérances.
Western des origines, véritable épopée fondatrice, tantôt lyrique, dramatique ou burlesque, Faillir être flingué est d'abord une vibrante célébration des frontières mouvantes de l'imaginaire.
Unanimement salué pour la puissance et l'inventivité de sa prose, Faillir être flingué a reçu le prix du Livre Inter 2014.
L'action de ce « petit roman », comme l'appelait volontiers son auteur, débute au milieu de la Première Guerre mondiale pour s'achever tragiquement en mars 1920. Le lecteur se trouvera là en présence d'un chef-d'oeuvre méconnu, méritant d'être porté à la connaissance d'un plus vaste public dans une nouvelle traduction qui lui restituera sa singularité.
M. Mizuno coule une retraite heureuse après une vie sans histoire. Du moins, c'est l'image qu'il s'applique à donner sous son patronyme d'emprunt. Car son vrai nom est Yasukazu Sanso, activiste de l'Armée rouge japonaise, qui, dans les années 1970, a tué plusieurs fois de sang-froid. La rencontre fortuite, dans les couloirs d'un hôtel à Bangkok, avec un Allemand de sa génération va déclencher la mécanique implacable du souvenir. Comment cet étudiant en quête d'idéal s'est-il laissé embrigader dans les mouvements universitaires de la fin des années 1960 ? Comment, à la suite des dérives d'une organisation se livrant aux purges insensées et aux meurtres collectifs, a-t-il fini par rejoindre les camps d'entraînement palestiniens au Liban, dans l'espoir de prouver qu'il est un vrai communiste ?
Entre Bangkok, Tokyo, Rome, Paris, le Liban ou encore La Haye, Michaël Prazan nous livre ici, avec l'acuité psychologique qu'on lui connaît, un roman haletant et inspiré sur la grande époque du terrorisme international des années 1970.
Michaël Prazan est écrivain, journaliste et réalisateur de documentaires. Passionné d'histoire contemporaine, il s'intéresse aux mouvements radicaux des années 1960-1970. Auteur de plusieurs essais, Souvenirs du rivage des morts est son troisième roman.
En 1898, le docteur Edward Byrne tombe dans une crevasse du glacier Arcturus, dans les Rocheuses canadiennes. Là, coincé la tête en bas, il perçoit dans l'épaisseur de la glace une forme humaine aux ailes déployées. Hallucination ? Rencontre avec le surnaturel? De retour à la lumière, le Dr Byrne n'aura de cesse de traquer cet énigmatique fantôme, et cette quête changera sa vie, faisant de lui le pionner d'une science alors balbutiante : la glaciologie.
Situé dans cette période charnière où trappeurs et Indiens ont cédé la place au tourisme des cimes, "Le Champ de glace" est un hommage envoûtant aux décors miraculeux que l'empreinte de l'homme viendra modifier à jamais. Dans la lignée de Jules Vernes et Stevenson, Thomas Wharton y fait résonner les légendes surgies du Grand Nord.
Sur fond de crise économique et spirituelle, la résilience follement inventive de deux femmes libres et puissantes, à près de 150 ans d'écart. De la fin du XIXe siècle à l'Amérique de Trump, "Des vies à découvert" met habilement en miroir deux époques de profonds bouleversements et pose la question : comment se réinventer quand les vieilles certitudes n'ont plus cours? Lucide, caustique, profondément humain, férocement politique, le grand retour au roman de Barbara Kingsolver.
« Sans l'adultère, que seraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la "crise du mariage" », écrivait Denis de Rougemont. Avant lui, Robert Musil avait offert une possible réponse avec "L'accomplissement de l'amour". Dans cette nouvelle méconnue de 1911, l'adultère n'y est pas synonyme de crise du mariage mais, au contraire, comme un prolongement de cette union. Le problème de l'amour, comme une équation mathématique, ne correspond donc plus aux données classiques. C'est dire à quel point ce livre est dérangeant.
Becky, Harry, Leon. Ils sont jeunes, hésitent entre le cynisme et le besoin éperdu d'utopie. Chacun a des rêves, des aspirations, que la ville nourrit et feint d'encourager pour mieux les broyer. Ce roman résonne des bruits et du rythme de notre époque, dans la prose incandescente de Kate Tempest, star du hip-hop, poétesse et artiste déjà légendaire à 30 ans à peine, admirée par Virginie Despentes, Lola Lafon ou Don DeLillo. Best-seller international, ce livre impose la jeune Anglaise comme une voix majeure de la scène littéraire d'aujourd'hui.
Une grande fable baroque sur le Venezuela, onirique et picaresque, autour de la figure d'un paysan analphabète qui se réapproprie sa propre Histoire : le premier roman de Miguel Bonnefoy, lauréat en 2013 du Prix du Jeune Ecrivain de langue française.
Les histoires d'amour tourmentées et douloureuses d'un jeune Américain à Paris dans les années 50. La sincérité et l'audace avec lesquelles James Baldwin décrit le trouble émotionnel de David, déchiré entre Giovanni et Hella, font de ce livre un classique. La Chambre de Giovanni, l'un des premiers et plus beaux livres de James Baldwin, était resté introuvable pendant plus de vingt-cinq ans.
« Ma chérie, Ceci n'est pas censé être un journal, et il se peut même que ça ne te parvienne jamais, mais j'aime à penser à toi en train de le lire, page après page, un jour dans les années à venir, après que je serai partie. » Le 8 mai 1941, Jean McCormick, invitée de l'émission « We The People » sur CBS, déclare être la fille de Calamity Jane et détenir en sa possession les lettres que sa mère lui a écrites durant vingt-cinq ans. Le monde entier découvre alors une Calamity Jane sensible et aimante, une femme rongée par le remords d'avoir abandonné son enfant qu'elle ne pouvait élever. Cette femme d'exception, figure emblématique du Far West, voulait que sa fille connaisse une vie stable et profite d'une éducation solide. Elle la fit adopter à l'âge d'un an par un couple originaire de l'Est, Jim et Helen O'Neil.
La Vénus à la fourrure, publié en 1870, est incontestablement le chef-d'oeuvre et l'ouvrage le plus connu de Leopold von Sacher-Masoch.
Ce grand conteur autrichien (né en 1835 et mort en 1895) a nourri ce petit roman de ses célèbres fantasmes. Des Carpates à Florence, les personnages, Séverin et Wanda, évoluent dans des rapports de domination et de soumission absolues, clairement établis dans d'étranges contrats. Chacun, despote ou esclave, doit jouer son rôle jusqu'au bout, sans pitié ni regret. Comme pour toute mise en scène, les protagonistes ne peuvent devenir les acteurs de leur curieuse représentation sans les accessoires de ce que l'on appellera vite le masochisme et la présence d'un tiers, spectateur actif que Masoch appelle " le Grec ".
Mais cette violence sensuelle et cette brutalité parfois impitoyable ne vont pas sans un certain humour, qui confère aussi au texte son caractère singulier et son charme si particulier.
Les Hauts de Hurle-Vent, sur les landes sauvages balayées par le vent du Nord. L'arrivée d'Heathcliff un jeune bohémien adopté par les Earnshaw va tragiquement peser sur le destin de toute la famille. Entre Heathcliff et Catherine Earnshaw naît un amour indéfectible tandis qu'Hindley, le frère détrôné, se prend d'aversion pour cet intrus. La nature passionnée d'Heathcliff ne supportera pas la vengeance d'Hindley puis la trahison de Catherine. Les Hauts de Hurle-Vent est aujourd'hui considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature anglaise du XIXe siècle. Ce roman, romantique par excellence, choqua certains lecteurs de l'époque, en raison de la noirceur des personnages, de la passion qui s'en dégage et de la liberté prise par rapport aux conventions en vigueur dans cette époque pré-victorienne.